Pour Washington, il n'est pas question de tirer un trait sur le passé avant que les personnes concernées ne répondent de leurs actes.
Le vœu exprimé récemment par le chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, au cours de l’émission « International » de TV5 Monde de voir les sanctions américaines prises à l’encontre d’une poignée des responsables politiques et militaires congolais être levées, s‘est buté au refus de l’administration Trump qui n’est pas prête à passer l’éponge. C’est en tout cas ce qui ressort de l’entretien qu'il a eu, le 30 septembre à Washington, avec l’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands Lacs, Peter Pham.
D’après le diplomate américain, il n’est nullement question que son pays revienne sur sa décision au stade actuel pour autant que la justice congolaise semble être mise à l’écart de ce dossier. « L’administration Trump pourrait revenir sur ses décisions notamment si la justice congolaise se saisit du dossier. Les États-Unis se disent, d’ailleurs, prêts à fournir des éléments aux magistrats congolais », a indiqué Peter Pham.
Concernant la nature de ces sanctions (gel d’avoirs et interdiction de visas) pour lesquelles Félix Tshisekedi appelle à la levée estimant qu’elles avaient été prises dans un contexte politique marqué par des tensions préélectorales, le diplomate américain a précisé la position de son pays. « Nos sanctions ne sont pas liées à l’élection ou aux résultats des élections. Nos sanctions sont liées à des perturbations des droits humains, à la corruption et à l’ingérence dans le processus électoral bien avant l’élection de 2018 », a-t-il expliqué. « Les sanctions, c’était pour aider le peuple congolais qui a exprimé la volonté pour le changement. Les sanctionnés sont des personnes qui ont commis des violations des droits humains, la corruption, l’ingérence dans le processus électoral »., a renchéri l'envoyé spécial de l'administration Trump dans la région des Grands Lacs.
Cette position américaine est loin de fléchir le chef de l'Etat congolais dans son obstination à plaider la cause des officiels de son pays sanctionnés. Il estime, en effet, qu'après les élections organisées en décembre 2018, ces mesures peuvent être assouplies, du moins pour des personnes qui ne sont pas impliquées dans la violation des droits de l’homme. Pour celles qui sont trempées dans ces violations, Félix Tshisekedi était clair à ce sujet. Elles ne peuvent pas compter sur son soutien.
Ces sanctions, rappelons-le, ciblent notamment le président de la Commission électorale nationale indépendante, Corneille Nangaa; le président de la Cour constitutionnelle, Benoît Lwamba; et l’ancien speaker de l’assemblée nationale, Aubin Minaku, tous considérés par Washington comme ayant enfreint le processus électoral par des cas de violations des droits de l’homme.