La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies estime que l’accès à la terre dans le pays est à l’origine de beaucoup de conflits internes qui peuvent dégénérer.
Au cours d’une récente conférence de pressé organisée à Kinshasa, Leila Zerrougui a fait le diagnostic de l’action de la Monusco et de la situation sécuritaire en République démocratique du Congo (RDC). Parmi les questions abordées, celles des causes profondes de la déstabilisation du pays et des solutions à y apporter.
La représentante spécial du secrétaire générale de l'ONU a relevé quelques facteurs qui favorisent cette déstabilisation, notamment l’insécurité, le manque de confiance aux institutions du pays, la manipulation et les tensions internes. A ces aspects endogènes, elle a ajouté la dimension régionale des conflits surtout lorsque les communautés concernées sont des deux côtés de la frontière.
Leila Zerrougui a cité également l’incompatibilité des modes de vie entre les différentes communautés (éleveurs et agriculteurs). L’intérêt dans ce dernier cas, a-telle précisé, serait de créer des espaces où chacun, dans le respect de la loi, a accès aux richesses qui sont énormes mais pas exploitées au profit de tous. « Travailler sur des tensions, par exemple, entre le droit coutumier de la propriété – le droit coutumier historique – et puis le droit moderne », a-t-elle conseillé.
Pour la cheffe de la Monusco, la manipulation intervient dès lors que l’on se rend compte des conflits internes au sein des communautés. On y recourt souvent pour avoir accès aux richesses naturelles. Et, a-t-elle signifié, l’Etat congolais doit contrôler ses richesses naturelles et ne pas laisser les Mayi-Mayi ou une quelconque autre communauté en user à dessein. Car, les richesses du pays doivent être exploitées de façon règlementée afin que les bénéfices profitent aux communautés locales. « Quand vous êtes au village, que vous n’avez pas de maison, que vos enfants ne vont pas à l’école, la stabilité ne vous intéresse pas parce que vous, vous n’êtes pas protégés, vous n’en bénéficiez pas », a-t-elle dit.
Au terme de cette démarche qui vise à résoudre le problème de la déstabilisation, Léila Zerrougui place la question de la réconciliation régionale telle qu’envisagée par le président de la République, Félix Tshisekedi. « Lorsqu’il y a cette stabilité qui se construit, c’est plus facile de faire face à d’autres menaces qui peuvent être extérieures, qui peuvent être d’intérêt autre », a-t-elle laissé entendre, convaincue que rechercher la stabilité au niveau régional permet de combattre les facteurs exogènes qui alimentent les conflits internes.
La diplomate onusienne en poste en RDC a estimé que travailler sur la stabilité, c’est d’abord travailler sur les sources d’instabilité internes et externes ainsi qu’identifier les menaces qu’il faut cibler par la force, par l’armée, par la justice surtout lorsqu’il s’agit des personnes accessibles ou ayant des fonctions qu’elles utilisent à des fins de déstabilisation. Sur le plan extérieur, elle a relevé que la construction de la paix doit plutôt privilégier d’autres pistes que la guerre, notamment la justice internationale et la diplomatie. « Je pense personnellement qu’il y a une chance pour la RDC de s’inscrire dans une logique de paix, de construire la stabilité d’abord au niveau interne », a-t-elle conclu.