Evocation. Pascal Gayama : « Edem Kodjo était un panafricaniste »

Lundi, Avril 13, 2020 - 17:31

Décédé le 11 avril dernier, en France, à l’âge de 82 ans, l’ancien secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1978 à 1983, Edem Kodjo, était l’apôtre du panafricanisme selon l’ancien secrétaire général adjoint de l’OUA, le Congolais Pascal Gayama, qui l’a côtoyé pendant plusieurs années.

Pour Pascal Gayama, la conception du panafricanisme d’Edem Kodjo était différente des autres personnalités africaines dans la mesure où l’illustre disparu voulait d’une Afrique où toutes les sous-régions s’unissent pour son développement tous azimuts.

« Kodjo a beaucoup œuvré pour insuffler l’idée du panafricanisme aux intellectuels africains comme lui. Pour certains, cette vision était considérée comme un mythe : il suffit d’écrire des livres engagés ou de défendre quelques théories pour se proclamer panafricaniste. Kodjo allait au-delà de cette conception », a déclaré Pascal Gayama.

Pour Kodjo, en tant que secrétaire général de l’OUA à l’époque, le panafricanisme ne doit pas s’arrêter au stade d’intention ; mais il était nécessaire, selon lui, pour les Etats africains de créer des conditions permissives en vue de faire asseoir cette noble vision. Le travail devrait commencer au niveau des ensembles sous-régionaux pour culminer vers le sommet.

C’est sous lui, en tant que secrétaire général de l’OUA, qu’ont été posées les bases du Plan d’action de Lagos qui intégrait tous les paramètres devant conduire à un marché commun de l’Afrique. « On en parle aujourd’hui, les prémices remontent au mandat d’Edem Kodjo à la tête de l’OUA », a-t-il précisé.

Pascal Gayama a salué la carrière politique d’Edem Kodjo qui a occupé plusieurs postes ministériels dans son pays. L’Afrique en général et le Togo, en particulier, a-t-il indiqué, ont perdu une valeur intellectuelle et culturelle, un homme qui, toute sa vie durant, s’est investi pour l’essor de l’Afrique.

Durant son mandat à la tête de l’OUA, les principaux combats de l’Afrique se résumaient à la libération de l’Afrique du Sud ; l’indépendance de la Rhodésie ; l’affaire du Sahara occidental, et autres.

Rappelons qu’en 1983, en quittant l’OUA, Edem Kodjo rompt le ban avec le pouvoir de Lomé avant de rentrer au pays en 1991, à la faveur de l’ouverture démocratique. Il crée son parti, l’Union togolaise pour la démocratie et appelle au grand pardon.

Edem Kodjo a été élu député en 1994, Premier ministre deux fois. Il quittera définitivement la scène politique togolaise après sa déconvenue aux législatives de 2007 pour se consacrer à sa fondation Pax Africana dont l’objectif est de travailler à réduire les conflits sur le continent, proposer des solutions pour un développement intégral et authentique de l’Afrique et porter le panafricanisme.

En 2016, il était facilitateur de l'Union africaine en République démocratique du Congo. Edem Kodjo était un homme de culture, collectionneur d’œuvres d’art et auteur de plusieurs ouvrages.

Roger Ngombé
Légendes et crédits photo : 
Pascal Gayama
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