L’avocat du Barreau de Pointe Noire s’est ému et indigné de l’intervention du Pr Mira sur la chaîne LCI, une intervention qui a récemment révolté l’Afrique tout entière. Il a décidé, avec des confrères de plusieurs pays, de déposer plainte pour injure raciale.
Chacun se souvient des propos tenus, le 1er avril, au cours d’une émission TV sur la chaîne française LCI, de Jean-Paul Mira, chef de service à l’hôpital Cochin de Paris : « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique (des tests de vaccin contre le Covid-19, ndlr) où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation (…) Qu’est-ce que vous en pensez ? » Réponse de son interlocuteur, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm : « Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique. » Naturellement ces propos avaient suscité l’indignation de l’opinion publique en général et celle de l’Afrique en particulier, déclenchant une vague de protestations sur les réseaux sociaux.
L’Organisation mondiale de la santé, La Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme ou SOS Racisme, entre autres, avaient dénoncé à juste titre ces propos, le club des avocats au Maroc ayant quant à lui déposé une plainte contre Jean Paul Mira. D’autres avocats africains de différents pays (France, République du Congo, Sénégal, Cameroun et RDC) indiquent également avoir déposé communément une plainte avec constitution de partie civile pour injures à caractère racial à la suite des propos tenus par le Pr Jean-Paul Mira. En République du Congo à Pointe Noire, c’est Me Lionel Kalina qui s’est mobilisé pour lutter contre de tels propos affligeants et pour associer son cabinet à cette plainte, rappelant, comme l’ensemble de ses confrères, que ces propos sont d’évidence gravement outrageants à l’égard de l’ensemble des communautés africaines traitées avec mépris.
Inscrit au barreau de Pointe Noire depuis 2006, Me Lionel Kalina est diplômé d’études approfondies de droit privé, option science criminelle, à l’Université Marien-Ngouabi à Brazzaville. Après l’Institut d’étude judiciaire en France à Clermont–Ferrand, il passe son concours d’avocat en janvier 1996 et prête serment devant la Cour d’appel du barreau de Grenoble, ouvrant son cabinet quatre années plus tard. En 2005, il est formateur en cybercriminalité, à la demande d’Interpol, un sujet qui lui tient d’ailleurs à cœur. Présent sur de multiples front, Lionel Kalina s’exprime avec ses confrères d’une seule et même voix et surenchérit : « Présenter les Africains comme des cobayes et l’Afrique comme un laboratoire est inacceptable et doit être dénoncé avec la plus grande vigueur. Dans ce contexte difficile, les excuses présentées par Jean Paul Mira ne sont pas susceptibles d’effacer la gravité des propos indignes tenus dans un climat qui encourage déjà des logiques de stigmatisation et d’exclusion.»