Procès 100 jours : fin de l’instruction, place aux plaidoiries

Lundi, Juin 8, 2020 - 13:11

Le juge-président a, au cours de l’audience du 4 juin, annoncé la fin de l’instruction et fixé la prochaine consacrée aux plaidoiries des avocats de la défense pour le 11 juin.

L’audience du 4 juin, dans le cadre du procès mettant en cause le directeur de cabinet du chef de l‘Etat Vital Kamerhe et consorts soupçonnés d’avoir fait main basse sur l’argent du Trésor, aura apporté un nouvel éclairci dans la quête de la vérité. Les dépositions des témoins qui se sont relayés à la barre ont permis de lever quelques zones d’ombre, notamment sur le décaissement des fameux 57 millions de dollars jours au profit de Samih Jammal dont l’entreprise, Samibo, avait arraché le marché portant sur la construction de mille cinq cents maisons préfabriquées. En tout cas, la plupart des témoins ont chargé le dircab Vital Kamerhe qui, d’après le conseiller principal du chef de l’Etat en matière de l’économie et de finance, Marcellin Bilomba, aurait géré ce dossier en toute autonomie en n’impliquant ni les experts de la présidence, encore moins le conseiller principal du chef de l’Etat chargé des infrastructures.

Une thèse corroborée par  d’autres témoins à l'instar de l’ancien ministre de Budget, Pierre Kangudia, qui s’est dit même surpris d’apprendre qu’il avait existé, à la présidence, une commission de supervision du programme de 100 jours. L’opacité ayant caractérisé la gestion dudit programme dissimulerait mal les velléités prédatrices du superviseur de la commission qui, à en croire Marcellin Bilomba, serait l’auteur intellectuel du détournement des fonds alloués au projet de logements sociaux pour avoir tout orchestré. Après avoir neutralisé le gouvernement sortant à l’avènement au pouvoir de Félix Tshisekedi par sa lettre officielle dans laquelle il suspendait tout engagement et liquidation des dépenses publiques dans les cabinets ministériels, entreprises, établissements et services publics, Vital Kamerhe, usant de son statut de directeur de cabinet, avait tout verrouillé au point que tout transitait par lui, a soutenu Pierre Kangudia.

Quant au contrat conclu entre la République démocratique du Congo et la société Samibo SARL dont les termes n’ont jamais été exposés sur la place publique, il s’est agi au départ d’un marché de près de 27 millions de dollars pour neuf cents maisons préfabriquées destinées à neuf provinces du pays, a expliqué l’ancien ministre du Développement rural. Alors qu’il avait signé ledit contrat, il a indiqué en avoir été dessaisi par Vital Kamerhe au travers d’une correspondance officielle ajoutant qu'il n’était pas au courant du paiement de 57 millions de dollars à Samibo SARL. A ce sujet, l’ancien ministre des Finances, Henry Yav Mulang, a confirmé le déblocage des fonds au profit  de la société Samibo en plus de  2 millions USD octroyés à la société Husmal, « en procédure d’urgence et du plan de décaissement » sur la base des courriers de Vital Kamerhe.

Le ministre Justin Bitakwira a, par ailleurs, méconnu la validité de l’avenant au contrat ayant aboutit à ce paiement. Des propos corroborés par le directeur général intérimaire de la direction générale du contrôle des marchés publics qui soutiendra que ce paiement a été fait sur la base d’un avenant non valide. Enfonçant davantage Vital Kamerhe, le conseiller principal du chef de l’Etat en matière de l’économie et finances a indiqué qu’en réalité, c’est une importante somme d’au moins 66 millions de dollars qui a été décaissée et soustraite des réserves internationales de la Banque centrale du Congo au point de bousculer le cadre macroéconomique.

En réaction à ces différentes interventions, Vital Kamerhe a indiqué n’avoir été qu’un tiers à ce contrat relatif aux maisons préfabriquées, ramenant tout au ministre du Développement rural qui, à l’en croire, serait le maître d’œuvre dans ce projet où nulle part n’apparaît sa signature. Après avoir épuisé tard la nuit l’audition des témoins et des renseignants, le juge-président a annoncé la fin de l’instruction et fixé la prochaine audience pour le 11 juin, au cours de laquelle les avocats vont devoir faire leurs plaidoiries.

Alain Diasso
Légendes et crédits photo : 
Une attitude de Vital Kamerhe pendant le procès
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