Le gouverneur de la ville de Kinshasa a récusé la décision du vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, Gilbert Kankonde, l’enjoignant à surseoir les travaux de réhabilitation du Grand Marché de Kinshasa qu’il a initiés dans le cadre de son programme « Kinshasa-Bopeto ».
C’est un cinglant uppercut que le gouverneur de la ville de Kinshasa vient d’asséner à son autorité de tutelle, Gilbert Kankonde, dont il récuse la décision d’arrêter les travaux entamés au Marché central de Kinshasa. Ces travaux initiés en période de confinement viseraient, d’après Gentiny Ngobila, à moderniser ce haut lieu de négoce pour l’adapter aux exigences d’une ville en mouvement appelée à se réinventer. Il reste que la décision du gouverneur prise à l’absence des vendeurs et de leurs syndicats a entraîné une levée de boucliers parmi les commerçants. Ces derniers dont les étalages ont été démontés et incinérés pour le besoin de la cause ont été obligés de s’aménager à la sauvette des espaces de fortune aux confins du Grand marché pour exercer leurs activités. Aucune entrée n’était alors tolérée sur le site du marché qui, à en croire l‘autorité urbaine, fait partie intégrante de la commune de la Gombe placée sous confinement.
Une situation qui dessert de nombreux commerçants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Une marche avait même été projetée pour réclamer la démission du gouverneur Gentiny Ngobila avant que ce dernier ne leur trouve une solution palliative. En effet, le samedi 6 juin, l’autorité urbaine s’est déplacée à la commune voisine de Lingwala pour procéder à l’inauguration du marché Itaga censé caser temporairement les vendeurs en attendant la fin des travaux de réhabilitation du Grand Marché. Etalé sur 3000 m2, ce petit marché va accueillir au moins mille vendeurs provenant du Grand Marché aujourd’hui fermé. L’occasion était donnée au gouverneur Gentiny Ngobila pour faire le point sur la rouille qui s’est installée entre lui et son titulaire au sujet de l’arrêt des travaux entrepris au Marché central.
La riposte du numéro un de la ville de Kinshasa était sans appel. « Jusqu'à nouvel ordre, le Grand Marché de Kinshasa est fermé, que les gens ne vous trompent pas, qu'ils ne disent pas n'importe quoi, qu'ils nous laissent faire le travail de Kinshasa-Bopeto dans la ville de Kinshasa. Si on ne finit pas les travaux, le Marché central de Kinshasa ne sera pas ouvert. Que celui qui n'est pas d'accord fasse sa propre ville où il veut », a-t-il lâché sur un ton ferme. Et de poursuivre : « Le marché central est d'abord fermé pour des raisons de confinement. Mais nous profitons de ce confinement pour faire des travaux. Si on ne finit pas ces travaux, le marché central ne sera pas ouvert. Nous devons faire les travaux pour arranger notre ville. Les autres arrangent leurs villes. Et qui allons-nous attendre pour venir le faire pour nous ? »
Les propos du successeur d’André Kimbuta sonnent telle une insubordination vis-à-vis de son autorité de tutelle, le ministre de l’Intérieur qui l'a enjoint, sans sa correspondance du 3 juin, à « surseoir à tous les travaux de réhabilitation du Marché central de Kinshasa ». D’après le ministre, lesdits travaux ont été lancés en violation de la loi et des droits des tiers. Dossier à suivre.