Economie nationale : l’après-mine se dessine inéluctablement avec la crise sanitaire

Samedi, Octobre 10, 2020 - 13:12

La société Banro Congo mining a reconnu la difficulté de relancer ses activités à cause de la crise sanitaire et du manque des potentiels investisseurs. Dans le secteur du tourisme, le moment est bien choisi pour mobiliser le gouvernement de la République et les partenaires sur l’urgence d’accorder des crédits en vue d’accompagner les opérateurs touristiques frappés par le coronavirus.

Chaque crise vient alimenter le débat public sur la dépendance de l’économie rd-congolaise au secteur minier. Soixante ans après l’indépendance, le pays produit près de trois fois plus de richesses mais pour une population qui a explosé au fil des décennies. Il a fallu une succession de crises internationales et la toute dernière avec la Covid-19 pour se rendre compte de la vulnérabilité de l’économie nationale.

S’il faut lire les signes du temps, prédit un expert, le secteur minier risque de ne plus arriver à assumer aussi facilement son rôle de moteur de la croissance économique rd-congolaise. Preuve d’un profond malaise, le 7 octobre dernier, Brett Richard, le président directeur général de Banro Congo dont les filiales sont installées essentiellement au Sud-Kivu, a brossé un tableau plutôt sombre de son entreprise aux délégués syndicaux. Les travailleurs enregistrent aujourd’hui des arriérés de neuf mois de salaire. Toutefois, les fonds disponibles vont permettre de payer juste un mois de salaire dans l’une des trois filiales de l’entreprise et une enveloppe forfaitaire servira à la paie des agents de Bukavu et du reste des filiales. Quant à l’apurement, il faudrait l’envisager lors du rétablissement de la situation.

L’urgence de la diversification revient en force au regard de l’essoufflement progressif du premier secteur contributeur aux recettes de l’État. Pour nombre d’experts, il s’agit de rechercher une alternative crédible pour rééquilibrer la situation, mais des préalables vont s’imposer notamment l’accès au capital et l’adaptation de la fiscalité. Sentant sans doute le vent tourner, certains ministères tentent de se démarquer pour attirer l’attention des investisseurs potentiels. C’est le cas du secteur très stratégique du tourisme qui reste porteur de croissance.

En tant que 7ème pilier de la diversification, le tourisme se présente comme une « alternative sérieuse » d’abord par sa capacité à devenir un facteur d’intégration. Le ministère veut classer la RDC parmi les 10 meilleures destinations de l’Afrique subsaharienne. Le ministre du Tourisme, Yves Bunkulu, a rappelé d’autres atouts solides de son secteur, notamment la création des revenus, des emplois et des opportunités d’affaires. « Il permet aussi à la communauté rurale de conserver son patrimoine culturel et ses traditions uniques », a-t-il  déclaré.

Précisant le sens de sa démarche, le patron du tourisme explique son intention de rendre disponibles des crédits en vue d’accompagner les différents opérateurs touristiques frappés par les effets néfastes de Covid-19. Au-delà du discours, il y a aussi une dimension symbolique forte. En effet, Yves Bunkulu a profité de la commémoration de la 40ème journée mondiale du tourisme célébrée sur l’île d’Idjwi, au Sud-Kivu, pour annoncer officiellement la décision du gouvernement de la République à travers son ministère d’accompagner les opérateurs touristiques. Par ailleurs, un processus est en cours pour faciliter l’accès au visa touristique dans un délai de 30 jours.

Depuis les années 1971 et 1974, avec la construction des hôtels, la RDC n’a plus investi un seul franc dans le secteur du tourisme. Aujourd’hui, la nouvelle politique touristique regroupe des zones réparties en trois catégories : A (Kinshasa), B (Lubumbashi, Kolwezi et Matadi) et C (les autres villes et provinces).  

Laurent Essolomwa
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