Après dix années jour pour jour de suspension, la RDC profite de nouveau de la Loi commerciale américaine qui octroie des facilités d’accès au vaste marché des États-Unis d’Amérique. Les chiffres officiels font état d’une chute vertigineuse des exportations RD-congolaises vers l’Oncle Sam entre 2011 et 2019, passant de 623 à seulement 21 millions de dollars américains.
Grâce à la Loi américaine sur la croissance et les possibilités en Afrique, mieux connue sous l’appellation « Agoa », plus de mille huit cents produits africains accèdent allègrement au vaste marché américain. Leur nombre devrait augmenter car le programme du Système généralisé de préférences a rendu éligibles plus de 5000 produits. Dans la pratique, ces produits exportés du continent africain sans aucune forme de restriction tant sur la taille de l’entreprise exportatrice que sur la quantité minimale à exporter bénéficient d’une franchise de douane sur le sol américain.
Environ quarante pays d’Afrique subsaharienne bénéficient des effets de cette loi. Vers la fin de 2010, la RDC en avait été exclue pour des manquements dans le domaine de la démocratie. A l’époque, Kinshasa avait réagi vigoureusement en accusant les autorités américaines de partialité dans leur décision. Par ailleurs, cette suspension ne constituait nullement une sanction de l’administration Obama car, à cette époque, les États-Unis d’Amérique ont continué à collaborer avec les autorités RD-congolaises en dépit de la mesure.
Le retour de la RDC
Après la réintégration du pays par la Maison blanche, le plus grand challenge aujourd’hui est économique car l’Agoa fait bien partie des vingt-huit initiatives d’accès aux marchés des pays d’Afrique subsaharienne identifiées par l’Organisation mondiale du commerce dans les années 2001. C’est sur le terrain que la RDC doit marquer des points. En effet, la décrispation est intervenue après la mise en œuvre par Kinshasa de plusieurs réformes tant sur le plan de la gouvernance que celui de la lutte contre la traite des êtres humains. Et la liste n’est pas exhaustive.
« Reconquête » ou « conquête » d’une place perdue
Un grand marché est de nouveau ouvert, et il faut en faire profiter les entreprises RD-congolaises du reste très affaiblies à la suite de la crise sanitaire et ses effets directs sur l’économie nationale. Toutefois, l’on se rappelle qu’en 2010, à l’occasion de la suspension du pays, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) a fait remarquer que la RDC « n’avait jamais bénéficié des avantages qu’accorde l’Agoa ». Outre le Congo démocratique, d’autres pays ont connu le même sort, notamment la Côte d’Ivoire, l’Erythrée, le Soudan, le Zimbabwe, la Mauritanie et la République centrafricaine.
Pour l’heure, le bilan de l’Agoa en termes d’opportunités véritables pour l’Afrique n’est guère reluisant. Même si les exportations africaines ont accru réellement, quelques pays seulement arrivent à se tailler la part du lion, principalement dans l’exportation des produits pétroliers. Aujourd’hui, l’administration Donald Trump s’affiche de plus en plus comme un partenaire stratégique de la RDC. Cette attitude ne devrait être d’aucune utilité dans le domaine très compétitif de l’Agoa, prévient quelques analystes. Avant sa suspension, le pays n’a fait qu’exporter des ressources minières et un peu de café, assurent-ils. Les quelques chiffres officiels font état de plus de 623 millions de dollars américains d’exportations vers les Etats-Unis d’Amérique, pour l’essentiel des produits agricoles, en 2011 et 21 millions seulement en 2019 (source ministère du Commerce extérieur).
En définitive, tout devrait passer par un meilleur encadrement des producteurs locaux autour des critères d’admission des produits devant être exportés vers les Etats-Unis. Pour rappel, les pays éligibles doivent améliorer, entre autres, le respect des droits de l’Homme, les normes du travail et l’État de droit.