Entretien avec Valencia Iloki Engamba, initiatrice et présidente du conseil d’administration de l’association Accès Droit Pour Tous

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Vendredi, Février 19, 2021 - 12:35

Magistrate et auteure du roman épistolaire « Au tribunal de Wamy » paru aux Éditions du Panthéon en décembre 2020, Valencia Iloki Engamba, également initiatrice et présidente du conseil d’administration de « l’Association Accès Droit Pour Tous », organise au profit des étudiants en droit de niveau master des séminaires de formation basés sur la qualification des faits saisis par le droit. Elle évoque, dans une interview exclusive aux Dépêches de Brazzaville, les contours de cette démarche.

Valencia Iloki Engamba initiatrice et présidente du Conseil d’Administration de l’Association Accès Droit Pour Tous Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.) : A partir de quoi l’idée de créer votre structure a-t-elle germé ?

Valencia Iloki Engamba (V.I.E.) : L’idée de création est partie d’un constat généralisé : la difficulté d’accès à l’information et aux services juridiques, qui a pour conséquence la méconnaissance des droits et devoirs de chacun. Il en découle, entre autres, l’incompréhension de la loi, la difficulté de comprendre les procédures juridiques et judiciaires, le manque de vulgarisation des lois et des textes en vigueur, le coût des procédures juridiques et judiciaires. Notre association a pris corps pour les rendre accessibles au plus grand nombre mais aussi et surtout pour lutter contre les opinions funestes sur la « justice apanage des riches » et celle « des puissants au détriment des faibles ».

L.D.B. : Quel est votre apport dans cette démarche de vulgarisation du droit en France et au Congo ?

V.I.E. : En France, via les réseaux sociaux, l’association permet de faciliter l’accès en justice selon la difficulté de la situation présentée par le demandeur en le mettant en contact avec l’un de ses professionnels au cas où son problème nécessiterait l’intervention d’un acteur (juge ou procureur) ou d’un auxiliaire de justice (huissier, notaire, etc.).

L’association Accès Droit Pour Tous (A.D.T.P) a été invitée par l’Institut Mandela, à l’Assemblée nationale de France à Paris, à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme. J’ai eu l’honneur de la représenter en faisant une communication sur « le combat contre le sexisme judiciaire en République du Congo » en ma qualité de panéliste pour le sous-thème « Femmes, principe d’égalité et politique du genre », accompagnée d’Aline Nkoua, membre d’honneur de l’association, présidente de la deuxième chambre civile du tribunal de grande instance de Brazzaville.

L.D.B. : Comment se traduit-il ?

V.I.E. : Pour ce qui concerne Brazzaville, l’apport est énorme et diversifié. A l’endroit des étudiants en droit de niveau Master II :

- sous forme de séminaire, la formation sur la qualification des faits saisis par le droit, qui consiste à renforcer les capacités techniques des étudiants en droit de niveau master et des stagiaires juristes. Car pour que le magistrat puisse répondre aux problèmes posés, il doit s’enquérir de l’histoire. En droit, il s’agit des faits.

La permanence juridique consiste à faire recevoir rapidement par les experts stagiaires les personnes en quête d’informations juridiques. Ce seront des étudiants en droit formés au cours du séminaire dispensé par l’association et supervisé par les experts juristes de l’A.D.P.T. Ainsi, durant le mois de juin 2020, le mercredi a été retenu comme « journée portes ouvertes » de 14H à 17H.

Lors du premier confinement lié à la pandémie du coronavirus, un Fonds de soutien au service juridique (FSSJ) à hauteur de deux millions a été mis en place par l’association qui n’est pas restée en marge de l’appel du président de la République Denis Sassou N'Guesso et nous avons pu aider déjà plusieurs personnes.

  • Les apports aux administrations publiques :

L’association a été conviée d’une part à l’atelier sur la mise à jour de la législation vétérinaire, organisé avec l’appui du Bureau inter-africain des ressources animales de l’Union africaine, par le ministère en charge de l’Elevage pour le compte de la société civile. Et d’autre part, au forum sur l’orientation des bacheliers et étudiants organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur pour une communication sur les métiers du droit, fait par sa PCA.

Elle a également commémoré la journée internationale des personnes vivant avec handicap le1er décembre 2019 en sensibilisant la population aux droits de ces personnes et le sens du civisme à observer vis-à-vis d’eux via les chaînes nationales officielles (radio et télé). La mise en place de guichets et caisses pour les personnes en situation de handicap a été demandée aux banques. Une descente sur le terrain pour la distribution des flyers pédagogiques a été aussi faite.

Pour la journée internationale des droits des enfants, cette association a organisé deux journées pédagogiques dans des établissements scolaires Jean Biyoundi à Brazzaville et à l’école les Benzets de Madibou. Trois cents prospectus et livrets pédagogiques énumérant les droits des enfants ont été distribués à cette fin.

L.D.B. : Vous prolongez votre apport jusqu’aux étudiants. Votre association est-elle légitime à intervenir dans le cadre estudiantin ?

V.I.E. : Il est prévu dans les statuts de notre association, loi 1901, la formation des étudiants avec la vision de vulgariser le droit par les moyens qu’elle s’est donnés. Nous estimons que les étudiants sont la matière première de notre structure car ce sont eux qui, une fois formés, sensibiliseront leurs amis, voisins, familles pour qu’ainsi toute la population puisse acquérir les premiers réflexes en cas de problèmes relevant du droit. Les étudiants ayant du mal à obtenir des stages en droit, l’association les aide en sollicitant des stages, auprès de ministères, par exemple.

L.D.B. : A titre personnel, votre roman épistolaire sur la justice en Afrique reflète-t-il la recherche de l’éveil juridique pour tous ?

V.I.E. : Ce roman épistolaire nous relate l’histoire de Wamy, jeune magistrate pleine de courage qui fait face aux dures réalités de son métier. Elle tente d’améliorer les choses grâce à des courriers anonymes dénonçant tout ce qui la révolte et voit ses efforts violemment contrés par la corruption et la nonchalance procédurière de ses pairs…

Wamy veut faire triompher la vérité et la justice avec l’aide de Olomi, son amoureux. L’histoire se déroule dans la ville d’OB20. La jeune femme raconte comment ses journées pénibles et son travail en juridiction dans des conditions totalement inimaginables pour un troisième pouvoir. Elle raconte par exemple dans l’un de ses courriers adressé à Olomi, qu’il avait eu le jour officiel de sa journée en tant que juge : une altercation entre les deux présidents de chambre dans laquelle elle a été affectée. « Il y a eu à la fin une bagarre, des coups, peut-être des blessures entre eux, j’aurais aimé qu’il y ait une audience aussi pour coups et blessures, mais rien. Je ne fus pas contente, encore moins déçue. J’avais juste mal aux pieds… », déclara Wamy.

Au tribunal de Wamy, au-delà de l’histoire relatée, est une critique constructive de nos sociétés en général. La justice est faite pour tous ; que l’on soit riche ou pauvre, puissant ou faible, la loi ne dissocie point.

 

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Adresse au Congo :

5 rue Louis- Tricot

Centre-ville de Brazzaville, à côté du louange Bar No stress, à 2 minutes de la Primature.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma
Légendes et crédits photo : 
Photo : Valencia Iloki Engamba initiatrice et présidente du Conseil d’administration de l’association Accès Droit Pour Tous
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