Depuis le début de la pandémie à coronavirus, le monde s’est vu imposer un rythme vacillant rendant la vie asphyxiante. Entre distanciation sociale et limitation des rassemblements publics ; le secteur des transports en commun a pris un coup majeur au Congo-Brazzaville.
Le nombre de passagers étant réduit de moitié dans les moyens de transport en commun, les gestionnaires de ces moyens de transport privés ont eu recours à certaines stratégies de compensation de leur manque à gagner, dont les redoutables « demi-terrains », carte qu’ils jouent volontiers en situation de crise, telles les pénuries de fuel.
Le « demi-terrain » est une stratégie de compensation du manque à gagner du transporteur par le fait qu’il décide délibérément de raccourcir le trajet de ses courses dans le but de multiplier ses entrées d'argent. La tarification standard dans le centre de Brazzaville, de 150 francs CFA rendait le déplacement accessible pour toutes les bourses, d’autant plus que les lignes de bus étaient relativement longues ; les propriétaires gagnaient plutôt sur le nombre de personnes à embarquer pour chaque course.
Mais actuellement, le Congolais est privé de cette facilité à cause de la situation sanitaire mondiale, de ses contraintes et surtout de son impact sur le quotidien. Là où le bât blesse, c’est que les chauffeurs et contrôleurs de bus n’y vont pas de main morte. Nous ne parlons plus seulement de « demi-terrain », mais parfois de « quart » voire de « cinquième » de terrain.
Les trajets sont raccourcis au minimum, quitte à susciter l’indignation et la colère des citoyens qui se retrouvent penauds, devant les bus à la portière ouverte qui se remplissent de ceux qui sont tellement épuisés par l’attente qu’ils ne peuvent la prolonger, et à qui leur bourse peut permettre de multiplier les courses.
Les contrôleurs et chauffeurs feignant l’ignorance et même le défi remplissent leur bus, oppressant la population désabusée par la sévère balance de l’offre et de la demande. A ceux qui, une fois installés, réconfortés de pouvoir enfin avancer dans leur trajet, mais mécontents de ses modalités, interrogent chauffeur et contrôleur ; la litanie leur est de nouveau chantée : « Est-ce qu' eza biso ? Il faut to kokisa recette » qui peut se traduire par «Ce n’est pas de notre faute. Nous devons totaliser la recette.»
Dans une sorte d’impasse, la pandémie ne laissant présager jusqu’ici aucune sortie de crise rapide, et tuant dans l'œuf tout espoir d'un retour rapide à la vie d'avant, si retour il y a, des efforts doivent être fournis par tous les acteurs du secteur des transports pour éviter que l’effort, très justement, n’incombe qu'au citoyen lambda qui n'a pas reçu de « prime covid » pour pallier ces aléas.