L’étudiant congolais, libéré du centre fermé où il était détenu depuis le 18 septembre, s’est vu octroyer un visa d’un mois, alors que le visa d’études, qui était valable jusqu’en mars 2022 et qui a été octroyé par l’ambassade de Belgique en RDC, a été annulé, a indiqué son avocate Marie Doutrepont, le mardi 5 octobre.
L'avocate a annoncé l'introduction d'un recours en extrême-urgence contre la décision qui invalide le premier visa. Pour son avocate, Junior Masudi Wasso se trouve actuellement face à un choix: soit rester dans l'illégalité au-delà du 3 novembre, soit quitter le pays à l'issue du délai et de retourner au Congo.
Le secrétaire d'Etat belge à l'asile et à la migration, Sammy Mahdi, a été interrogé en commission à l'Assemblée nationale belge (La Chambre), ce mardi 5 octobre. A cette occasion, le Parti socialiste (PS) belge, lui a demandé d'ordonner une enquête sur la façon dont l'Office des étrangers a traité le dossier de Junior Masudi Wasso. Lors de ses réponses , Sammy Mahdi a indiqué que ce n'est que le 4 octobre qu'il a été confirmé que le ministre congolais des Affaires étrangères garantissait le versement des droits d'inscription et L'UCLouvain a également fourni des informations supplémentaires sur les éléments et la manière dont elle a évalué l'aptitude de l'étudiant et son intention d'étudier dans son université. A ce sujet, sur son compte Twitter, le vice-Premier ministre et ministre des affaires étrangères de la RDC, Christophe Lutundula, a indiqué « L’admission en territoire belge de J. Masudi est due essentiellement à l’intervention personnelle du Chef de l’État,Félix À.Tshisekedi qui a décidé de la prise en charge de sa scolarité par la présidence se portant ainsi garant de ses études en Belgique devant les autorités belges ».
Des documents supplémentaires
En outre, dans ses réponses en commission, le secrétaire d’Etat belge à l’asile et à la migration, a indiqué que le seul visa n'est pas suffisant pour accéder au territoire belge, car la police est en droit de demander les documents justifiant l'objet et les conditions du séjour en Belgique. A cet effet, pour justifier le traitement de ce dossier par l'administration belge, Sammy Mahdi a pris comme exemple le rejet du recours introduit par Junior Masudi Wasso devant le Conseil du contentieux des étrangers. « On vit dans un Etat de droit. Quand on questionne le fonctionnement de l'Office des étrangers alors que le Conseil du contentieux confirme la manière dont l'Office a travaillé, je me pose la question: est-on encore dans un Etat de droit? », s’est-il interrogé. Face aux accusations de racisme, Sammy Mahdi a fait savoir que si l’État belge était contre les étudiants d’une autre couleur de peau, ils ne viendraient pas. Néanmoins, a-t-il concédé « C’est sûr qu’il y a de la xénophobie et du racisme dans notre société, mais je crois que dans ce dossier, ce n’est pas le cas. »
Manque de respect de la dignité humaine
Les explications fournies par Sammy Mahdi à la Chambre sont apparues insuffisantes à plusieurs députés belges, notamment ceux du Parti socialiste (PS) et du parti écologiste « Ecolo ». « Je ne suis pas satisfait des explications données », a souligné le chef de groupe PS, Ahmed Laaouej, dénonçant une « défaillance » et « un manque de respect de la dignité humaine ». « Il y a de l'ordre à remettre dans votre administration et une enquête interne à mener. Il faut de la clarté. Sommes-nous face à un cas isolé ou une méthode qui s'est généralisée? », a-t-il ajouté. Dans l'opposition flamande, la N-VA et le Vlaams Belang ont en revanche soutenu le secrétaire d'Etat. Le prédécesseur de M. Mahdi, Theo Francken, l'a exhorté à porter plainte contre le comité de soutien de l'étudiant et les passagers qui se seraient opposés à son expulsion.
UCL « étonnée » par les arguments de l’Office des étrangers
Pour sa part, dans un communiqué publié le mardi 5 octobre, l’UCLouvain a dit s’étonner des arguments apportés par l’office des étrangers dans le dénouement du dossier de Junior Masudi. « En effet, dès son arrivée sur le territoire, Mr Junior Masudi Wasso était en possession de tous les documents nécessaires pour entamer ses études à l’UCLouvain. Par ailleurs, il avait payé la part des frais nécessaire à son inscription avant d’arriver sur le territoire. Comme pour tout étudiant et conformément au décret, le solde des frais d’inscription doit être payé pour le 1er février au plus tard de l’année entamée et non au moment de l’inscription. L’université regrette le délai pris pour demander des clarifications malgré les interpellations répétées depuis des jours qu’elle se tenait à disposition des organes compétents pour des éclaircissements. L’UCLouvain déplore le mauvais accueil qui a été réservé à son étudiant. Elle s’emploie à s’assurer qu’il puisse faire face à la situation difficile qu’il a traversée et démarrer son parcours d’étude dans les meilleures conditions ».