L’atelier organisé par Observatoire de la liberté de la presse en Afrique à l’intention des professionnels des médias de cette province a permis à toutes les parties de parler un même langage en rapport avec cette profession.
L’organisation indépendante de promotion et de défense de la liberté de la presse, Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (OLPA) a organisé, le 27 octobre 2021, dans la ville de Lisala, province de la Mongala, une journée déontologique au profit des journalistes de cette province. Cette rencontre a été qualifiée d’historique car, la première du genre dans cette ville de Lisala et à laquelle ont pris part plusieurs journalistes de la ville et des environs.
Dans son discours d’ouverture de cette journée déontologique, le gouverneur par intérim de la province de Mongala, Me Jean-Collin Makaka, a évoqué le caractère indispensable des médias, les comparant, au passage, à une orbite, un chemin, un chantier et une autoroute permettant à l’autorité de communiquer avec ses administrés, ou ses services. Et de faire savoir que le media permet aussi aux dirigeants d’asseoir son leadership afin de favoriser le progrès de son entité. « L’atelier de ce jour est capital pour votre profession, vous vous en souviendrez longtemps et rappelez-vous d’où nous venons, et où sommes-nous arrivés », a-t-il dit à l’intention des participants.
Jean-Collin Makaka a rappelé, à cette occasion, les relations difficiles qui existaient entre l’autorité provinciale et les professionnels du micro de Mongala. Il a fait savoir que l’autorité provinciale agissait de manière rigoureuse à cause des manquements déontologiques dans les agissements des journalistes et des chaînes des radios. « D’où les décisions restrictives qui étaient prises pour recadrer certains médias. Les journalistes consciencieux, patriotes peuvent aujourd’hui témoigné que c’étaient des décisions fondées. Ceci était dû au fait que la déontologie n’était pas encore partagée, ni enseignée et chacun prestait de sa manière », a-t-il souligné.
Le gouverneur par intérim a, par ailleurs, remercié l’ONG OLPA et son staff pour avoir identifié cette problématique dans la province de Mongala.
Définissant la déontologie comme la conduite, la manière de se comporter dans une profession ou encore l’ensemble des règles morales qui régissent une profession, Jean-Collin Makaka a indiqué que le journalisme était une profession à haut risque qui peut déstabiliser une institution ou une entité. « Vous, prestataires de presse, vous pouvez aussi créer un soulèvement dans une entité aujourd’hui uniquement avec votre micro que vous utilisez de temps en temps », a-t-il averti avant d’appeler les uns et les autres à plus de responsabilité. La problématique de la liberté de presse
De son côté, le président de l’Association des journalistes de la Mongala (AJM), Jossard Libula Mopolo, qui a exposé sur la problématique de la liberté de presse dans la province de Mongala de 2019-2021, a dressé un bilan mitigé. A l’en croire, cette entité avait enregistré plusieurs cas d’entraves à la libre circulation de l’information. Le président de l’AJM expressément cité les suspensions des radios et les arrestations des journalistes dont lui-même. Il a aussi déploré le non-respect du Code d’éthique et de déontologie par les professionnels des médias de cette partie du pays.
Jossard Libula Mopolo a fustigé le port des insignes des partis politiques par les professionnels de médias, la propagande et l’injure facile devant les micros, ainsi que les excès des tenants du pouvoir qui ont mis à mal la liberté de la presse. Pour s’en convaincre, le président de l’AJM a cité, à titre d’exemple, des appels des services de sécurité exigeant l’arrêt immédiat d’une émission, ou les mesures d’embargo visant des journalistes.
Parmi les points positifs, le paneliste a évoqué la contribution de la presse de la Mongala au changement du comportement de la classe politique congolaise. Il a, par ailleurs, estimé que, pour bien jouer son rôle d’accompagnateur des actions gouvernementales, la presse devrait être indépendante. « Les journalistes devraient se comporter en toute responsabilité et non en politicien comme les font beaucoup d’entre eux », a-t-il conclu.
Le secrétaire exécutif de l’OLPA, Alain Kabongo Mbuyi, a, lui, fait la restitution des ateliers organisés par cette ONG au cours de l’année 2021 dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, à Kwilu, à Kwango et à Kinshasa. Il a exhorté les journalistes à redynamiser leurs structures pour mieux garantir leurs libertés et de bien connaître les dispositions de différentes lois de ce secteur.
A l’issue de ces communications, les participants se sont scindés en deux groupes de travail. Le premier a travaillé sur « la presse de Mongala face à ses responsabilités : quid du respect de l’éthique et de la déontologie professionnelle ? », alors que le second groupe a travaillé sur « Radios locales et les institutions provinciales face aux desiderata de la population de Mongala ». Après le débat, certaines recommandations ont été formulées. Il s’agit notamment du respect des textes légaux sur la presse et du Code d’éthique et de déontologie professionnelle. Les participants ont également recommandé une franche collaboration entre les promoteurs des radios et les autorités provinciales, au profit du bien-être de la population, ainsi que la mise en place des organes de régulation et d’autorégulation pour mieux encadrer le secteur médiatique. D’autres recommandation sont l’obtention, par les médias, des documents administratifs nécessaires pour se mettre en règle avec les autorités congolaises avant l’installation des radios locales, le respect des attributions des autorités provinciales, la création d’un regroupement pour défendre les médias, l’installation des organes d’auto régulation pour gérer les conflits entre les journalistes, ainsi que la prise de conscience par les journalistes par le changement d’attitude visant à anoblir la profession, etc.
Au nom des participants, Désire Koyo Mongbele de la radio communautaire Epkoli a remercié OLPA pour avoir assuré, pour la première fois, la visibilité de la presse de la Mongala et a appelé d’autres organisations à tourner aussi leurs regards vers cette province. Les participants à ces travaux ont aussi promis de militer en faveur de l’unité dans la presse de cette partie du pays.