Diplômée en Banque et finance, c’est plutôt dans la création vestimentaire que Gloire Itoua, née et basée au Congo, a trouvé sa brèche de salut. Sa passion pour la mode lui vaut aujourd’hui une place parmi les meilleurs de sa génération. Dans cette interview exclusive accordée aux Dépêches du Bassin du Congo, la jeune femme nous évoque l’année écoulée et celle qui vient de débuter.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Comment Gloire est-elle arrivée dans l’univers de la mode ?
Gloire Itoua (G.I.) : Je suis venue au stylisme par passion, en autodidacte et surtout par vocation car, toute petite, j’aimais bricoler. Dès mon bas âge je confectionnais déjà beaucoup de vêtements miniatures avec les morceaux de pagnes que je ramassais auprès des couturiers de mon quartier.
L.D.B.C. : Parlez-nous de votre marque Mama styliste…
G.I. : Mama styliste est une marque de prêt-à-porter homme, femme et enfant, née en 2016 du désir de satisfaire mon goût pour les tissus africains et les coupes modernes. Mama styliste réinterprète l'usage ethnique dans un cadre urbain dans le but de démocratiser les tissus africains, sublimer leur richesse et leur diversité, ainsi que dépasser les barrières culturelles pour des créations accessibles au plus grand nombre. Les vêtements et accessoires sont confectionnés à partir du pagne « Wax », imprimé de cotons africains aux motifs expressifs et chatoyants mixés avec des tissus occidentaux comme la gabardine, le jeans, la soie sauvage, le vichy, le polaire, le satin ou encore les perles. Les collections sont déclinées en petites séries, du 34 au 50.
L.D.B.C. : A quoi ressemble votre quotidien d’entrepreneure ?
G.I. : Le matin quand je me lève, je prends le petit-déjeuner, consulte ma messagerie, fais ma communication sur Instagram, Facebook et autres réseaux sociaux, pendant à peu près une heure. Par la suite, je passe à ma journée de production de 9 h à 17 h et le soir je m'occupe de ma logistique. Je reçois aussi des clients qui viennent me voir pour que je leur confectionne des modèles uniques que je juge bon de ne pas publier.
L.D.B.C. : Cela a été l’année 2021 ?
G.I. : Sacrée 2021 ! Je dirai que 2021 a été une année pleine de rebondissements. J’ai lancé plus d’une collection ; je me suis mariée ; j’ai eu le plaisir de travailler avec mes consœurs congolaises sur un défilé de mode Lipanda style, une belle expérience ; j’ai perdu des amies proches mais ça valait la peine ; j’ai connu des pertes de marchandises et colis des clients ; j’ai investi dans mon bien-être et dans ma vie spirituelle… Bref, il y a tant de choses à dire et je ne regrette aucune d’elles, bonnes ou mauvaises.
L.D.B.C. : Qu’avez-vous appris avec la pandémie de covid-19 ?
G.I. : La pandémie de covid-19 a apporté des changements majeurs dans ma vie professionnelle. On n’a pas souvent le temps de reculer et faire une introspection parce qu’on a toujours du boulot à terminer. Or, avec cette pandémie, j’ai pris le temps de reculer pour mieux avancer. Cette période m’a apporté du nouveau et m’a, entre autres, permis de planifier la réalisation de mes récentes et prochaines collections. Le temps passé en ligne m’a conduit à développer mon interaction digitale et à repenser mon contenu pour maintenir le lien avec ma communauté.
L.D.B.C. : Quelles sont donc vos perspectives pour cette nouvelle année?
G.I. : Pour cette année 2022, j’ai un défilé de mode à l’international auquel j’ai à cœur d’y participer après avoir plusieurs fois annulé pour diverses raisons les années antérieures. D’ici février, je lancerai une nouvelle collection de vêtements dénommée « Eléphant » qui se composera essentiellement de robes over size et élégantes pour tout type de morphologie. Je compte, en outre, investir dans les placements à revenus fixes, ce dans une vision d’explorer des terres inconnues. Je pense que 2022 est une année prometteuse car le travail et les sacrifices des années dernières ont presque fait mûrir les fruits. Bientôt la récolte, s’il plaît à Dieu. Je me souhaite des rêves à n’en plus en finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns.
L.D.B.C. : Quelques mots pour nos lecteurs…
G.I. : Consommez local, c’est l’une des clés du développement d’un pays ; achetez congolais, c’est bon pour l’emploi mais aussi pour l’économie du pays. Par ailleurs, changez de mentalité envers les entrepreneurs locaux car la qualité ne se trouve toujours pas chez l’étranger.