Dans une correspondance adressée le 28 janvier au vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières, Daniel Aselo, le comité exécutif de l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa) dénonce l’interpellation de Joseph Kobale, journaliste à Isiro, dans le Haut-Uélé, par l’Agence nationale des renseignements (ANR).
L'Olpa demande au ministre chargé de l'Intérieur de décourager les pratiques liberticides de certains agents dépendant directement de son autorité. « L'Olpa proteste vigoureusement contre l’interpellation de Joseph Kobale, journaliste et directeur de la radio communautaire Espoir-Uélé, station communautaire émettant à Isiro, chef-lieu de la province du Haut-Uélé », a écrit cette organisation non gouvernementale.
Elle fait savoir, en effet, que le journaliste Kobale a été interpellé, le 24 janvier, par trois personnes se réclamant de l’ANR/Isiro, qui ont fait irruption au siège de la radio peu après la diffusion du journal parlé du soir.
Ces agents ont conduit immédiatement le journaliste au Commissariat de police, l’accusant d’avoir diffusé sur les antennes de sa radio une émission spéciale au cours de laquelle le coordinateur d’un groupe local dénommé Association de soutien aux actions de Félix-Antoine Tshisekedi (Assofatshi), Baltazar Anga, a annoncé l’organisation d’un rassemblement à Isiro pour dénoncer l’exploitation illégale d’or par des sujets chinois, la multiplicité des taxes visant les conducteurs des taxis-motos et la spoliation d’un espace public dans la commune de Mendambo.
Joseph Kobale, précise Olpa, a été transféré, le 25 janvier dans la matinée, à la direction provinciale de l’ANR/Isiro où il a été soumis à un interrogatoire serré. L'organisation ajoute que lors de cette audition, le journaliste a été inculpé d’incitation à la haine. Mais il a recouvert sa liberté le 25 janvier, après avoir payé une amende de 200 000 francs congolais (équivalent de 100 dollars américains). Son matériel de travail (téléphone et dictaphone) confisqué a été restitué.
Des actes contraires aux promesses du chef de l’Etat
Olpa rappelle au vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur les promesses du président Félix Tshisekedi, qui avait pris l’engagement, en janvier 2019, de mettre fin aux arrestations arbitraires jadis opérées par l’ANR sur l’ensemble du territoire national. Pour cette organisation, l’interpellation de Joseph Kobale démontre à juste la non-observance des instructions de la hiérarchie par certains agents du ministère chargé de l’Intérieur et de la Sécurité. « Priver un journaliste de liberté durant 24 heures pour avoir exercé son travail constitue une atteinte grave au droit d’informer et d’être informé garanti par la législation nationale et les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’homme », a fait savoir Olpa dans sa correspondance signée de son secrétaire exécutif, Alain Kabongo Mbuyi. L’organisation non gouvernementale se dit, enfin, convaincue que cet agissement de l’ANR/Isiro interpellera la conscience du vice-Premier ministre, Daniel Aselo, et que des mesures idoines seront prises toutes affaires cessantes pour décourager ces pratiques liberticides.