Interpellé par la représentation nationale, le 3 février au cours de la séance de questions d’actualité, le gouvernement a indiqué que les arrêts de production successifs des cimenteries de Dangote à Yamba et de la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc) à Loutété, dans le département de la Bouenza, sont à l’origine de la perturbation de l’offre de ciment constatée ce dernier temps sur le marché.
Selon l’exécutif, la capacité de production du ciment au Congo est passée de trois millions cinq cents tonnes en 2019 à deux millions quatre cents tonnes au 31 décembre 2021. Elle serait actuellement restreinte à 400 000 tonnes. « La société Sonocc reprend sa production mais ce sera en transportant la matière première par camion dans l’attente de la remise en marche du téléphérique. Quant à la cimenterie Dangote ciment Congo, qui détient 55% du marché national de production, elle demeure en arrêt technique à la suite de la panne de son broyeur », a déclaré la ministre des Petites et moyennes entreprises et de l’Artisanat , Jacqueline Lydia Mikolo.
L’autre raison annoncée par le gouvernement est l’effondrement de la voie ferrée entre les gares de Kielé Tenard et Mfilou, qui empêche la Sonocc d’acheminer deux mille à deux mille cinq cents tonnes par semaine sur Brazzaville. Actuellement, l’approvisionnement de Brazzaville est assuré par des distributeurs qui se font livrer directement à l’usine, ce qui entraîne, a expliqué la ministre Mikolo, les surcoûts non négligeables. « A titre illustratif, la location du véhicule de transport Brazzaville-Loutété-Brazzaville revient à 25 000 FCFA la tonne de ciment. A cela s’ajoute la spéculation des distributeurs qui font que certains revendeurs, particulièrement ceux de Dangote, s’approvisionnent maintenant auprès de leurs collègues distributeurs agréés des usines en fonctionnement. Cette situation est aggravée par l’autre phénomène qui est celui de la vente à la sauvette, c’est-à-dire une vente effectuée directement à partir des véhicules de distribution par les producteurs et les distributeurs de ciment », a-t-elle poursuivi
Des mesures pour endiguer ces phénomènes
Pour arrêter cette fluctuation de prix, le gouvernement a sommé les producteurs de respecter les structures des prix homologués en restituant aux distributeurs les frais de transport et de péage s’élevant à 29 958 FCFA la tonne de ciment. L’Etat a également fait injonction aux distributeurs en activité qui s’approvisionnent directement auprès des unités de production de partager la ristourne de 10 000 FCFA la tonne avec les revendeurs des usines en arrêt de production lorsqu’ils leur cèdent une partie de leur cargaison. Il a aussi ordonné aux services en charge du contrôle et de la répression commerciale avec l’appui de la force publique de traquer les commerçants véreux.
« Le meilleur régulateur du marché reste la loi de l’offre et de la demande. Plus il y a de produits sur le marché, moins ils coûtent. La reprise imminente de la production de la Sonocc et la réparation en cours du tronçon endommagé de la voie ferrée permettront de stabiliser les prix du ciment sur le marché. Enfin, le gouvernement mettra en place une caisse de péréquation qui aura pour mission de stabiliser les prix sur l’intégralité du territoire national », a conclu Jacqueline Lydia Mikolo.
Présentant l’état des lieux de la cimenterie au Congo, le ministre du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, Antoine Thomas Nicéphore Fylla Saint Eudes, a rappelé que la capacité était de trois millions cinq cents tonnes en 2009. Dangote produisait à lui seul un million cinq cents tonnes, Forspak 500 000, Sonocc 400 000, Cimaf 500 000 et Diament ciment 600 000 tonnes. Mais, au fil du temps, cette production a considérablement baissé avec la fermeture de la Cimaf et de Diament. « Dangote pourrait réparer son broyeur dès l’arrivée des pièces en cours de demande. Cimaf et Diament ciment sont à la recherche des partenaires au travers des administrateurs judiciaires. A partir de mi-février, nous aurons la production de Sonocc qui est de 400 000 tonnes et Forspak 500 000, soit 900 000 tonnes », a assuré le ministre.
Auteur de l’unique question d’actualité, le député Venance Mania a, dans sa réplique, déploré le comportement des commerçants qui augmentent le prix d’un produit hautement stratégique comme le ciment. « Comme le carburant, même quand il y a rareté du produit, le prix à la pompe ne change pas, ici on devrait avoir la même chose », a-t-il insisté.
Notons que la plénière a été présidée par le président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, qui a demandé au gouvernement de lutter contre la spéculation. La délégation gouvernementale a, quant à elle, été conduite par le ministre d’Etat, ministre la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Firmin Ayessa.