Organisation mondiale de la santé : Tedros Adhanom Ghebreyesus connaît un premier mandat le plus tumultueux de l’agence

Vendredi, Février 4, 2022 - 12:28

Le premier mandat de Tedros Adhanom Ghebreyesus à la tête de l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) se classe parmi les plus tumultueux des soixante-dix ans d’histoire de l’agence onusienne.

L’Ethiopien a pris ses fonctions en 2017, devenant le premier Africain à diriger l'OMS. Un an plus tard (2018), l’épidémie Ebola va éclater dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), obligeant l'OMS à coordonner une opération de réponse complexe au milieu d'un conflit actif. Puis en 2020, la pandémie de covid-19 explose à travers le monde, poussant  l'OMS dans une confrontation géopolitique entre la Chine et l'administration de l'ancien président américain Trump, qui va annoncer son intention de se retirer.  En septembre 2020, The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters vont révéler que la réponse de l'OMS à Ebola en RDC était en proie à des abus sexuels, obligeant l’OMS à créer une commission indépendante, qui va confirmer les allégations.

Novembre 2020, le gouvernement éthiopien va lancer une campagne militaire dans le Tigré, une région dont le patron de l’OMS est originaire. Il va critiquer le gouvernement pour les blocages de l'aide. Récemment, le représentant éthiopien de l'OMS a tenté de prononcer un discours anti-Tedros, mais il a été interrompu par le président du Conseil d'administration de l’OMS. Pour son abnégation, sa célérité, sa loyauté et sa gestion des crises, un scrutin secret a confirmé un soutien quasi unanime à l’Ethiopien pour conduire  probablement l’OMS pour un deuxième mandat.  Malgré les pressions, le chef de l'OMS a su s'assurer que les réformes de sauvegarde empêchent que quelque chose de similaire au scandale de la RDC ne se reproduise. L'OMS est également confrontée à une crise de financement majeure et doit convaincre les Etats membres à l’augmentation des contributions statutaires. L'initiative de fournir des vaccins covid-19 aux pays à faible revenu à court  d'argent oblige à repenser le rôle mondial de l'OMS.

Les priorités à venir de l’OMS

Seul candidat au poste de chef de l’OMS, le directeur général sortant a énoncé ses priorités dans les cinq années à venir.

  • L’Organisation « continuera d’être ouverte à tout examen » dans le but de démontrer son engagement en matière de responsabilité et de transparence à travers une commission indépendante et en engageant un enquêteur externe à la suite de signalements d’exploitation, d’abus et de harcèlement sexuels lors de la riposte à Ebola en RDC.
  • Concernant le changement climatique et la santé, ils ont toujours été ses priorités, a-t-il déclaré, rappelant que cinquante pays avaient signé l’engagement de développer des systèmes de santé résistants au climat, lors de la COP 26 à Glasgow, en Ecosse, mais conscient que « cinquante pays ne suffiront pas. Mais ce qui est un bon début ». 
  • Abordant les maladies non transmissibles et la mortalité, le patron de l’OMS a souligné l'importance des soins de santé primaires, affirmant qu'ils devraient pouvoir aider les gens à mener une vie saine, y compris dans la gestion de l'obésité ou l'arrêt du tabac.
  • Concernant le financement de l'OMS, il a souligné que le renforcement de la mobilisation des ressources était sa priorité depuis son entrée en fonction en 2017. Les États membres ont soutenu les propositions actuelles visant à augmenter progressivement leurs contributions pour couvrir 50% de son budget de base d'ici à 2029.
  • En réponse aux changements suggérés à l'architecture de la santé mondiale et sur la manière dont il prévoit de garantir que l'OMS continuera à jouer un rôle central à cet égard, il a déclaré que l'agence des Nations unies avait pour mandat de jouer un rôle de rassembleur et de coordination dans le domaine de la santé mondiale, et que « nous [l'OMS] nous considérons en fait comme des coordinateurs entre égaux ».

 

 
Noël Ndong
Notification: 
Non