Le spectacle dénommé “Äkä free voices of forest” (France – Congo) bouclant la tournée euro-congolaise du groupe Ndima, le 12 février dernier à l’Institut français du Congo (IFC) de Brazzaville, a été une rencontre inédite entre l’univers musical des Aka, largement reconnu grâce à leurs chants traditionnels autochtones, et celui d’artistes de l’ouest de la France, à l’imaginaire florissant et rompus à l’improvisation.
Le spectacle a été donné par le groupe Ndima (peuple Aka de la République du Congo) avec des artistes comme Angélique Manongo, Emile Koule, Nadège Ndzala (au chant), Gaston Motambo, Michel Kossi (au tambours, arc musical, et chant), sous la direction artistique de Sorel Eta. Ils étaient accompagnés des artistes venus de France, à l’instar de Leïla Martial (voix, composition), Rémi Leclerc (body-percussionniste, clavier et composition), et d’Eric Perez (voix, percussions, compositions). Un véritable métissage culturel.
Au cours de ce spectacle auquel le groupe Ndima a introduit la batterie, le synthétiseur…, Remi Leclerc a ébloui le public en chantant et interprétant sans faille les sonorités Aka. Le tout accompagné des ovations à chaque instant qu’une chanson venait à prendre fin. De même, si Angélique Manongo, Emile Koule, Nadège Ndzala ont été fantastiques, cela a été autant pour l’incroyable vocaliste Leïla Martial, à la voix angélique. On dirait tout de suite que cette soirée musicale a été splendide. Le public a assisté à un joyeux mélange de sons, de vibrations, d’expressions vocales. La rencontre de ces deux mondes est l’avènement d’une communauté de sons, un « peuple de sons », dirait-on. En effet, les chanteurs et percussionnistes du groupe Ndima, porteurs d’une culture ancestrale, et les trois improvisateurs originaires du sud-ouest de la France sont réunis autour du plaisir de jouer de leurs voix et de leur corps.
Débutée vers la fin de l’année 2021 en Europe, cette tournée s’est poursuivie au début de l’année 2022 au Congo. « Leïla Martial et Rémi Leclerc avaient partagé un rêve ; celui de rencontrer un jour les autochtones. Lors de notre tournée européenne, nous les avons rencontrés et avions mis ensemble un projet qui leur a permis de venir au Congo en 2019. Nous sommes allés au cœur de la forêt avec eux où ils ont séjourné chez les Aka. Après, ils sont venus répéter avec nous à Brazzaville. L’année passée, nous sommes allés en France et avions mis en place ce concert que nous appelons “Les voix libres de la forêt”. Après la France, nous sommes venus tourner au Congo, d'abord à l’IFC de Pointe-Noire, puis nous sommes allés au nord Congo, précisément à Gamboma où nous avons rencontré les Atsoua, et à Oyo, ensuite à Sembé où nous avons joué devant les Baka et les autochtones Mbendzeles. Après, nous sommes allés à Impfondo, fief du groupe Ndima, où il a vu le jour. Enfin, nous avons bouclé notre tournée ici à l’IFC de Brazzaville », a déclaré le manager du groupe Ndima, Sorel Eta.
Cette tournée a été rendue possible grâce à leurs partenaires que sont la délégation de l’Union européenne (UE) au Congo, les instituts français du Congo (de Pointe-Noire et de Brazzaville), l’ambassade France, le ministère de la Culture et des Arts du Congo, la ville de Paris. Au début du mois de mars, le groupe Ndima se rendra en France pour une vingtaine de concerts, avant de poursuivre son séjour en Suisse.
Les droits humains au cœur de l’action extérieure de l’UE
Peu avant le début du concert, l’ambassadeur Giacomo Durazzo a témoigné la satisfaction et la fierté de l’UE à soutenir ce magnifique projet artistique, “Aka free voices of forest”, né de la rencontre et de l’alchimie entre le groupe autochtone Ndima et des vocalistes et body- percussionnistes français. Au-delà de la dimension artistique, il a souligné l’aventure humaine que vit cette formation musicale inédite. En effet, depuis leur rencontre improbable sur la scène d’un festival en Allemagne en 2018, en passant par la France où les liens se sont renforcés, la forêt d’Impfondo au Congo (fief des Aka), l’ethnie autochtone dont sont issus les membres du groupe Ndima, où les artistes français ont été en immersion, tout concourt à faire de cette histoire quelque chose de singulier et porteur d’espoir, a témoigné Giacomo Durazzo.
Cette aventure humaine, a poursuivi l’ambassadeur de l’UE, et les valeurs qu’elle promeut permettent de contrebalancer un discours et des attitudes largement discriminatoires dont est victime la population autochtone et qui bafouent ses droits les plus élémentaires y compris au Congo. Or, ce sont les valeurs d’égalité, de solidarité, de justice et de paix que ces droits véhiculent que l’UE doit préserver à tout prix et garantir à chacun et chacune d’entre eux, notamment les plus vulnérables.
Pour Giacomo Durazzo, l’UE place les droits humains au cœur de son action extérieure à travers le monde. La promotion et la protection des droits des peuples autochtones en constituent un des axes majeurs. Son action en faveur des droits humains est rendue possible grâce notamment à plusieurs leviers… « Toutes ces initiatives sont l'occasion de rendre hommage à la résilience, à la créativité et à l'ingéniosité des peuples autochtones, porteurs de connaissances et d'un patrimoine culturel inestimable. Avec la table-ronde d’hier, le vernissage de l’exposition réalisée par l’anthropologue Romain Duda et le concert de ce soir, elles forment un ensemble cohérent », a déclaré l’ambassadeur de l’UE.
Notons que le groupe Ndima, qui signifie en langue Aka “la forêt”, a été créé en 2003 par l’ethnologue Sorel Eta, son manager, après avoir rencontré les Aka en 1996. Depuis 2012 ce groupe a parcouru le monde grâce à son tourneur suisse, George Grillon.