« Unité – Travail – Progrès », telle est la devise de la République du Congo, mais qui ne reflète plus en rien la réalité congolaise. Plus d’un demi-siècle après l’accession du pays à l’indépendance, le constat est amer : le progrès n’est pas au rendez-vous. S’il est facile de se rejeter la faute les uns sur les autres, il serait peut-être temps de s’auto-responsabiliser et de vaincre la paresse nationale.
« Dans les pays des autres, ce n’est pas comme ça », entendra-t-on dire ici et là dans les rues de Brazzaville ou de Pointe-Noire par des personnes que l’on croirait apatrides. Si l’herbe peut paraître plus verte chez les voisins, n’en demeure que l’on doit prendre soin de sa propre maison.
Si l’on peut parler du rêve américain, nous en sommes à expérimenter le cauchemar congolais. Le Congo, un pays au potentiel loué, envié, courtisé mais qui fait montre d’un contraste frappant dans ses villes, ses cités et ses quartiers.
La richesse tant louée reste inexploitée car la jeunesse porte son regard de façon fixe sur la fonction publique comme hypnotisée, subjuguée par cette institution à la beauté fatale.
Pourtant, une fois l’intégration en poche, les postes sont désertés au profit du confort des bars et des salons, des loisirs et des lieux de consommation. Pour certains, plus assoiffés ou ambitieux, les heures de responsabilité citoyenne sont troquées pour le « petit cop », une petite entreprise qui ne jouit d’aucun encadrement et qui n’a bénéficié d’aucune préparation préalable.
En effet, « étude de marché » « budget prévisionnel » « réseautage » s’affichent comme des termes un peu trop techniques, une vraie perte de temps d’aucuns diront, une perte de temps qui engendre l’essoufflement de la petite entreprise en quelques mois pour "un nouveau cop" émergeant sur les mêmes bases pour ne pas dire sur aucune base.
D’autres crieront avidement au manque de financements, mais tout investisseur averti ne pourrait s’accorder le loisir de financer une entreprise qui n’a pas de tripes, qui n’a pas d’esprit et qui pue que la survie donc sans aucune espérance de vie.
Nombreux décident alors de se réfugier en politique pour s’assurer d’être du bon côté de la barrière. Une politique qui n’a plus de politique que le nom quand il est possible de regarder justement chez le voisin Rwandais qui, mis à terre en 1994 lors du génocide, n’a pas tardé à se relever de ses cendres et de devenir en moins de deux décennies un modèle parmi les nations non plus seulement continentales mais mondiales.
Pour revenir dans son propre carré de terre, c’est bien sur cette même terre congolaise que la communauté ouest-africaine tire son épingle du jeu par un modèle de soutien communautaire et une éducation à l’entrepreneuriat qui se veut héréditaire.
Combien de Congolais seraient prêts à passer dix-huit heures de leur journée derrière un comptoir, six jours sur sept ? N’accusons donc pas les sorciers de la famille qui sont apparemment devenus insensibles aux longues heures et journées passées dans les églises réveillées.