Packagings épurés, compositions respectueuses des normes environnementales, des formules travaillées…, un vent de fraîcheur souffle sur les cosmétiques d’Allégera Snell Sabou, propriétaire de la marque Jessi Cosmetic qui a vu le jour, il y a deux ans, au Congo et connaît un joli succès (auprès de la gent féminine) puisque la jeune exporte désormais sur le plan international et voit son chiffre d’affaires à la hausse.
« Mon amour pour les produits cosmétiques ne date pas d’hier. Plus jeune, j’aimais fusionner des produits à ma guise pour améliorer le teint. Je me suis rendu compte que cela marchait bien sur ma peau, alors j’ai commencé à les vendre à mes sœurs ainsi qu’à leurs copines de façon informelle », indique d’emblée Snell qui, à l’époque, ne s’imaginait pas un jour être cheffe d’entreprise.
Mais le destin en décide autrement puisqu’en 2018 elle se retrouve au chômage. Encouragée par sa fille et sa sœur à se déployer hors du cercle familial pour élargir son champ de vente, Snell, après moult hésitations, décide de faire une étude de marché et les résultats se révèlent plutôt prometteurs. « Je me suis rendu compte que plusieurs femmes aimaient entretenir leur teint et n’avaient pas beaucoup de choix sur la place nationale. Alors je me suis dit, pourquoi pas tenter ma chance ? Et je me suis lancée », se souvient Snell qui, après un moment d’euphorie, se rend très vite compte d’un détail capital qui freine d’ailleurs la plupart d’entrepreneurs locaux.
« A mes débuts, la première question qu’on me posait était, "Tes produits proviennent d’où ? ". Dès que tu fais savoir que ce sont des produits made in Congo, la clientèle est réticente, change d’avis et parfois même critique… C’est à la limite insultant, cela voulait dire qu’au Congo on ne pouvait pas produire des produits de qualité. A cela s’ajoutent les tracasseries administratives qui ont souvent raison sur l’entrepreneur qui est parfois obligé d’abandonner à mi-chemin », affirme Snell qui a surmonté ce rejet parce qu’elle croyait en elle et avait surtout un moral d’acier. En outre, l'ouverture de son shop lui a permis d'avoir une notoriété.
« Les gens ont réalisé que ce que je faisais était du sérieux et mes produits étaient de bonne qualité. Depuis, j’ai toute une gamme de produits allant des gels de douche aux laits de corps, des crèmes de visage, des lotions du visage anti acnés et anti quintos (taches noires sur les doigts et orteils), les savons et gamme des laits dont les prix varient entre 3000 et 35 000 FCFA », nous apprend cette dernière. Ses clientes sont friandes des produits éclaircissants alors qu’il existe aussi des produits pour peau noire, des laits pour nourrir la peau, pour protéger contre les agressions extérieures telles que les vergetures, les rougeurs, la sècheresse...
« Entreprendre au Congo, un véritable parcours de combattant »
Alors, quand on lui demande d’où lui vient sa renommée, Snell est prolixe tant elle a des choses à dire. « La réussite est au bout de l’effort, on ne peut rester assis et attendre que tout nous tombe du ciel, il faut en amont entreprendre et cela nécessite de la créativité ainsi qu’un sens aiguisé des affaires. Trouver une idée qui marche n’est pas toujours compliqué, mais la maintenir en est une autre, surtout qu’entreprendre au Congo est un véritable parcours de combattant car ceux qui y arrivent, le doivent à leur entêtement et à leur résilience », se convainc Snell. Elle est consciente que l’environnement culturel qui devrait être le premier levier de motivation de l’entrepreneur est défaillant et que l’entrepreneur est livré à lui-même.
Alors, il faudrait s’armer de courage, de patience et de détermination pour sortir du lot comme l’a expliqué Snell. « Au moment où j’ai commencé à commercialiser les produits, j’ai suivi des formations en ligne pour maîtriser la dose, ce qui est à mon avis très important et comment procéder à un bon mélange. Et depuis que je me suis lancée de façon professionnelle, je suis à la conception (fabrication des produits) jusqu’à la finition (emballage) et commercialisation. Pour l’heure, je préfère le faire moi-même car il s’agit de peau », nous apprend-elle.
Fière et visiblement heureuse au regard de ce qu’elle a pu accomplir, Snell déclare, le sourire aux lèvres: « Aussi vrai que l’argent du mari est doux, une femme indépendante, qui n’attend pas tout de son mari, est plus épanouie et plus ouverte d’esprit ».