Produits pétroliers : de longues files de véhicules devant les stations-service

Jeudi, Mars 17, 2022 - 18:00

Des rumeurs persistantes ont annoncé, le 17 mars, une « grosse pénurie » de carburant dans l’axe Kinshasa- Matadi avant la fin de la semaine. Réunies en urgence la veille, les sociétés pétrolières avaient confirmé la disponibilité du stock nécessaire pour la ville province de Kinshasa. Cependant, la présence des longues files devant les stations-services inquiète les consommateurs qui préconisent déjà un scénario catastrophe.  

Pour Tino K., un usager de la route, le ministre Bidimbu n’est pas rassurant dans ses propos. « J’ai suivi son intervention à la radio. Beaucoup d’auditeurs l’ont contredit juste après. Il y a véritablement un problème de disponibilité des stocks », a-t-il soutenu. La controverse sur le risque de pénurie de carburant suscite un véritable malaise dans la ville province de Kinshasa. Contactée par la rédaction, une source proche des compagnies pétrolières va dans le même sens. «Nous allons avoir une grosse rupture de super dans toute la ville de Kinshasa et même Matadi. Il faut déjà essayer de faire le plein en essence. La totalité des stocks qui nous reste dans les différentes sociétés pétrolières, selon notre évaluation, n’offre une disponibilité que de deux jours, le jeudi et le vendredi », a-t-il expliqué.

La source qui a requis l’anonymat va plus loin en insistant sur le fait que le prochain ravitaillement interviendra au plus tard le 30 mars. « Quinze jours sans essence, c’est la catastrophe », a-t-elle poursuivi. Elle fait état de l’arrivée d’un stock à Boma, environ 15 000 tonnes, mais il se pose un problème de conformité avec les exigences congolaises. « La teneur en soufre est élevée par rapport à la spécification de la République démocratique du Congo. Toutefois, une décision du gouvernement est attendue sur son sort », a-t-elle précisé. 

Pour les consommateurs, il faut une solution rapide pour éviter le pire. En effet, une hausse du prix du carburant en cette période difficile aurait des répercussions dramatiques sur le pouvoir d’achat déjà sous pression. La disponibilité d’un stock à Boma, la deuxième ville portuaire du Kongo central, est une bonne nouvelle. Mais l’expert pose un vrai problème sur le risque potentiel posé par la teneur en soufre trop élevée par rapport à la norme nationale. Bien entendu, le débat d’experts devrait s’ensuivre pour éclairer la lanterne des uns et des autres.

Au niveau institutionnel, la crise pétrolière en gestation suscite une mobilisation générale. Le mardi, une réunion d’urgence a eu lieu entre le ministre des Hydrocarbures et les opérateurs pétroliers, en l’occurrence Sep Congo, Lerexcom petrolieum et Socir. La réunion a été convoquée suite aux spéculations concernant une prétendue rupture des stocks des produits pétroliers dans la capitale. Ensemble, ils ont réaffirmé que la ville province de Kinshasa n’est pas sous la menace d’une rupture de stocks. « Nous avons essayé d’évaluer ce qu’il y a comme stock à Sep Congo et Socir. Avec ces informations, on peut faire une projection », a expliqué le président du Regroupement des sociétés pétrolières privées et membres du Comité de la structure des prix, Emery Bope. Selon lui, il a été convenu que Sep Congo fasse les mises en place, même jusque tard. « Nous aurons des produits dans les stations-services », a-t-il conclu. Toutefois, la seule consigne à la population est d’éviter de conserver de l’essence dans les bidons au risque d’enflammer la ville comme cela a été le cas à Kingabwa.   

Laurent Essolomwa
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