Pour ce co-fondateur de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), ceci permettra de dissiper la tension et la pression qui deviennent grandissantes au fil des jours entre ceux qui veulent à tout prix conserver le pouvoir et ceux qui veulent à tout prix le conquérir.
Réagissant à l’actualité du pays, particulièrement à la situation liée à la santé du chef de l’état, Félix-Antoine Tshisekedi, Moïse Moni Della Idi relève le risque, pour le pays, de sombrer dans les troubles multiformes. Dans une tribune publiée le 18 mars 2022, le « porte-parole du peuple » note, par ailleurs, que « pour dissiper la tension et la pression qui deviennent grandissantes au fil des jours entre ceux qui veulent à tout prix conserver le pouvoir et ceux qui veulent à tout prix le conquérir, il faut à tout prix l'organisation des élections libres, transparentes, démocratiques et inclusives ».
Condamnant ceux qui souhaitaient du mal au chef de l’Etat à l’issue de la maladie, la hernie discale, dont il suit des soins, Moïse Moni Della indique en effet, que « souhaiter la mort de Tshisekedi est antipathique ». « En tant qu’Africain, Musulman et Bantoue, je ne peux me réjouir de la maladie ou même de la mort de mon pire ennemi », a-t-il écrit. Tout en se reconnaissant opposant radical au régime de Mobutu, Moïse Moni Della rappelle qu’il avait subi, au cours du règne du maréchal-président, des traitements inhumains et dégradants (enlèvement, bannissement, prison, torture, exil.....). Et pourtant, a-t-il indiqué, il avait fait couler quelques larmes chaudes en apprenant la mort du Maréchal Mobutu. « Quel n’a pas été l'étonnement des gens face à ma tristesse, trouvant mon comportement contradictoire car, disaient-ils. Comment un opposant farouche, très critique de Mobutu qui a frôlé la mort dans ses geôles pouvait pleurer et regretter sa disparition ? Je leur répondais : Vous ne comprenez pas le sens de mon combat et mon état d'esprit », a-t-il fait savoir.
S'opposer au système qu'à la personne
Pour Moïse Moni Della, en effet, il s'opposait beaucoup plus au système du régime de Mobutu qu'à sa personne. « Étant musulman, le Coran nous renseigne que Kuli nafsi zalika til mayiti. Ce qui veut dire que toute âme goûtera à la mort. Alors, à quoi bon de se réjouir de la mort de quelqu’un comme si on va rester éternel sur cette terre des hommes? », s’est demandé ce politique congolais. Pour lui, il voulait à tout prix que Mobutu quitte le pouvoir, mais qu’il puisse vivre la démocratie et le progrès social prôné par l’UDPS créée par les treize parlementaires et autres personnalités politiques et dont il est l’un des co-fondateurs historiques et authentiques. « Je voulais que Mobutu puisse être témoin de la réparation de sa destruction méchante du pays par les forces du changement incarné par Etienne Tshisekedi », a souligné Moni Della Idi.
Le président de la République n’est pas un citoyen lambda
Relevant que la visite privée du président de la République à Bruxelles a fait couler beaucoup d’encres et de salives. Moïse Moni Della a souligné que le chef de l’Etat a droit à une visite privée. Mais, a-t-il également fait savoir, il peut tomber malade, il peut même mourir, c’est la loi de la nature, c’est humain. Mais, a-t-il insisté, on ne doit pas oublier que le président de la République n’est pas un citoyen lambda. « D’aucuns diront que le président n’a pas de vie privée. La maladie du président Pompidou, de Mitterrand et même de Jacques Chirac avait défrayé la chronique en France. Quand le président tousse, le pays s'enrhume. Le président de la République incarne la nation. Il est tout à fait normal que les gens s’y intéressent et spéculent surtout lorsqu’il y a carence de communication de la part de ses services. La communication présidentielle doit être à la hauteur des enjeux. On a constaté malheureusement une communication calamiteuse, balbutieuse, tâtonnante, contradictoire qui, au lieu de rassurer et calmer les esprits, n’a fait que susciter les doutes », a fait constater ce co-fondateur de l’UDPS.
Moïse Moni Della a rappelé que les communicateurs de la Présidence et alliés ont commencé par nier une évidence, avant de parler d’un contrôle de routine. Après, s’est-t-il souvenu, c’était l’ambassadeur de la RDC en Belgique d’entretenir encore le cafouillage communicationnel en déclarant que le président a subi une opération de la hernie discale, avant de se rétracter le lendemain. « Il a fallu que le président de la République puisse se rendre compte du cafouillage et bidouillage de sa communication et le risque que cela pouvait engendrer pour enfin donner la vraie information sur sa maladie. Lui-même a dissipé le malentendu, apaisé les esprits et coupé court aux ragots et racontars », a précisé le « porte-parole du peuple ». Et de condamner avec la dernière énergie les propos haineux, injurieux et autres invectives de certains compatriotes, souhaitant la mort du président Félix Tshisekedi. « Souhaiter son départ du pouvoir, critiquer son action et sa vision c’est démocratique. Mais souhaiter sa mort, c’est antipathique. Dans un pays démocratique, on peut s'opposer farouchement et radicalement sans être des ennemis, mais plutôt des adversaires », a-t-il souligné.
Pour lui, les leçons à tirer de la cacophonie médiatique de la présidence de la République sont notamment l’omerta des détenteurs du pouvoir pour cacher les secrets soi-disant d'État n'est plus efficace à l'heure du numérique et plus particulièrement des réseaux sociaux ; une bonne communication vaut mieux qu'une rétention de l'information, une information diffusée à temps réel et à bon escient permet de dissiper le malentendu, et qu’il est difficile de cacher le soleil avec le petit doigt. Moni Della a également retenu qu’on sert un chef avec la vérité et non par le mensonge ; seul Dieu sait tout, on est tous ignorants à de degrés différents, sciences sans conscience n'est que ruine de l'âme ; la RDC a besoin des gens qui font la politique de conscience et non des conciences, moins encore de convenance, que le corps humain est très faible et que la vie tenait qu'à un fil, les Congolais doivent œuvrer pour humaniser la politique car elle est très cruelle.