Ni de furie ni de haine, ni de paroles obscènes, Kronos, de sa vraie identité Don Bouet Ferel Mikanou, la vingtaine, est un artiste rappeur qui veut chanter la vie selon sa conception : un texte, un tempo, un peu de peps et de l’audace. Des ingrédients qui ont eu un bel effet auprès du public lors de la fête de la musique, le 21 juin dernier, à l’Institut français du Congo de Brazzaville, avec sa chanson « Nga yeyo » qui parle de jalousie injustifiée. A en croire quelques commentaires recueillis lors de cette soirée, Kronos est sans aucun doute l’un des chanteurs rap des plus prisés du moment. Entretien.
Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : Depuis quelle année Kronos est-il dans les arènes du paysage musical congolais ?
Kronos : C’est en 2012 que j’ai commencé avec les petits concerts, shows case et les fans du quartier m’ont soutenu jusqu’au moment où j’ai sorti ma tête du lot en faisant de grandes scènes au Palais des congrès en 2014, à l’esplanade du stade Eboué lors du concert de La Fouine à Brazzaville et, depuis lors, je suis sollicité çà et là pour des événements culturels. Le dernier en date était lors de la fête de la musique.
L.D.B.C : Quelle est votre source d’inspiration ?
Kronos : Je dirai Youssoupha, car c’est un artiste qui m’inspire particulièrement. Grâce à lui, j’ai pu forger ma propre image et c’est lui qui m’a donné envie de sortir mon premier morceau, « Clash », en 2013. Et de fil en aiguille, j’ai rencontré des artistes qui m’ont tout autant inspiré et m’ont boosté à devenir humble et à donner le meilleur de moi-même.
L.D.B.C : Comme la majorité des rappeurs, vous avez sans doute un style vestimentaire...
Kronos : C’est juste un T-shirt over size, des bijoux, une montre et une casquette...
L.D.B.C : Comment définissez-vous votre musique ?
Kronos : Ma musique est un mixage de ma culture et celle d'ailleurs. C’est pourquoi, je chante volontiers en lari car c’est ma langue vernaculaire et c’est une langue qui est de plus en plus parlée dans la capitale. Résultat, je touche le maximum de personnes et c’est l’un de mes objectifs. Mais je chante aussi en français pour toucher le niveau international. Je n’ai aucune limite, l'essentiel est que je garde mon originalité.
L.D.B.C : Que représente la femme pour vous quand on sait la manière dont elle est traitée dans les clips de rap ?
Kronos : La femme occupe une place primordiale, on doit la respecter. Si je suis en vie aujourd’hui grâce à une femme. Et puis, ce serait indécent et illogique d’exposer des femmes à moitié nues dans un clip quand on dénonce la corruption, la famine, la guerre ou la jalousie… On le laisse à ceux qui n’ont pas de problème, nous, nous avons un combat à mener, celui de relever notre pays économiquement et culturellement.
L.D.B.C : Quelle a été la réaction de vos parents quand ils ont appris que vous vous lanciez dans la musique ?
Kronos : La réaction de mon père était violente à l’époque, aujourd’hui, il est plus conciliant, c’est même mon premier fan. Ma mère, quant à elle, m'a toujours soutenu et encouragé.
L.D.B.C : C’est pour quand l’album de Kronos ?
Kronos : Pour le moment, j'y vais pas à pas, bien fignoler mon travail afin qu’une fois entre les mains du public, qu’il soit favorablement accueilli. Mais d'ores et déjà, vous pouvez profiter du feat que j’ai réalisé avec Diesel Gucci, « Nga yeyo », qui a un joli succès sur les plateformes.
L.D.B.C : Votre prestation lors de la fête de la musique a eu un large écho et a bien été accueillie, pouvez-vous nous en parler ?
Kronos : C’est le titre « « Nga yeyo », qui veut dire je suis là. Cette chanson parle de ceux qui ne veulent pas voir l'émergence des autres, qui les jalousent sans raison. C’est une invite aux artistes qui se prennent pour des stars à être humbles. Mettons notre orgueil de côté, développons et bâtissons simplement notre musique pour qu'elle ait une belle influence au Congo et à travers le monde. Bref, soyons unis.