Né en 1935 dans le district de Boko, au sud du Congo, Alphonse Marie Toukas figure parmi les portraits choisis par la cité de l’histoire de l’immigration en France souhaitant faire connaître son histoire, son parcours, son apport et ses objets personnels en vue de la construction de la société française actuelle. Journaliste, animateur de radio et musicien, il est décédé en décembre 2008 à l’âge de 73 ans.
En tant que témoin de la démarche participative proposée par le musée français et aux cotés de l’historien Gérard Noiriel ou encore de l’écrivain Marie Desplechin, Alphonse Marie Toukas a participé, le 19 mai 2007, à la première table ronde présentant le projet même de la cité. Le 10 octobre de la même année, jour de son anniversaire et déjà atteint par la maladie, il n’a pu être présent pour l’ouverture de cette cité. Les vitrines, où figurent notamment la photographie de sa mère et le siège de pirogue sur lequel elle cuisinait, Alphonse viendra les voir quelques mois plus tard en famille.
Un parcours marqué par les soubresauts de l’histoire
Après ses études chez les prêtres, Alphonse a commencé à travailler pour gagner sa vie et évidemment s’occuper de sa mère. Rapidement, il a été engagé au contrôle de la piste de l’aérodrome Maya-Maya de Brazzaville. Mais, cela ne s’est pas passé comme il le voulait. Accusé par son collègue blanc de l’époque d’avoir provoqué un accident, il décide de démissionner de son poste pour se rendre à Pointe-Noire. Avec son groupe musical Le Sympathique jazz, composé majoritairement de ses amis du collège et du lycée, ils jouaient les aires de la rumba en soirée dans les bars et les dancings. En journée, Alphonse Marie Toukas travaillait dans le guichet des postes, télégraphes et téléphones. C’est ainsi que sa passion pour la musique a commencé à prendre le pas. Lui et ses amis rêvaient d’une carrière artistique alors que le Congo s’acheminait vers l’autodétermination et le chemin de l’indépendance
En 1960, le destin d’Alphonse Marie Toukas bascule notamment grâce à sa rencontre avec le journaliste Jacques Alexandre. Il est vite recruté à Radio Congo et devient l’animateur attitré de l’émission « Morceaux choisis ». Un an plus tard, il tente le concours d’entrée à l’Office de coopération radiophonique afin de se former à tous les métiers de la radio. On note le journalisme, la réalisation et l’animation. En 1963, il créé alors l’émission « Jeunes talents » qui stimule l’essor des artistes africains, des spectacles, des concours, des émissions de radio. Alphonse Marie Toukas est sur tous les fronts et anime l’émission « Taram tam tam », où, tous les genres musicaux se rencontrent. Avec sa consœur Catherine Bailly, ils créent une autre émission, plus intimiste « Une femme raconte son pays ». A partir de 1975, l’émission « Mille soleils », puis en 1980-1981, le « Concours Découvertes » de Radio France internationale (RFI).
A propos du "Concours Découvertes"
Les Prix Découvertes Rfi ont été créés en 1981, sous l’initiative d'Alphonse Marie Toukas. L’objectif étant de promouvoir la création musicale africaine et de la faire entendre partout sur le continent africain. Son jury composé des professionnels et des partenaires s’engage auprès du lauréat en lui offrant un soutien professionnel, une promotion sur leurs antennes et leurs sites webs. En outre, le lauréat bénéficie d’une tournée en Afrique et d’un chèque d'une somme colossale. Le Prix Découvertes Rfi a déjà récompensé des artistes aussi divers que Céline Banza de la République démocratique du Congo et Young Ace Wayé de la République du Congo.
Tous ceux qui ont côtoyé Alphonse Marie Toukas gardent de lui le souvenir d’un homme plein de talent et d’une générosité incomparable.