L'engagement a été pris à l’issue d’un atelier organisé, le 12 juillet, par l’Observatoire de la liberté de la presse en Afrique (Olpa), au bénéfice des professionnels des médias de ce territoire de la province du Sud-Kivu.
L’atelier a concerné les journalistes des radios émettant dans le territoire du Sud-Kivu et a été focalisé sur le traitement de l’information électorale. A l'ouverture, l’administrateur du territoire d’Idjwi, Kalaja Karongo Kabio, a souligné le fait que c’est la première activité de renforcement des capacités des journalistes organisée dans son entité depuis sa nomination il y a onze ans. Il a indiqué que cette activité conduite par Olpa et la Fondation nationale pour la démocratie vise à doter les journalistes de cette région insulaire du Congo des connaissances suffisantes pour la couverture responsable du processus électoral, à quelques jours de la célébration de la Journée nationale de la presse et au soir de la préparation des scrutins par la Commission électorale nationale indépendante. « Le journalisme mérite des hommes et des femmes suffisamment outillés pour cultiver la paix et éviter la guerre sur toute l’étendue de l’île », a-t-il insisté.
Pour sa part, le coordonnateur de l’Association des journalistes d’Idjwi pour la paix, la démocratie et droits humains (AJIPDDH) et directeur de la radio communautaire Kalinga, Albert Koko Cinyabuguma, a fait l’historique de l’avènement de la radio à Idjwi. A l’en croire, actuellement Idjwi compte six stations de radios mais c’est en 2005 qu’une première radio, la radio Ejulino, a vu le jour dans la chefferie de Ntambuka. La deuxième est venue en 2007 à Bugarula et après il y a eu les radios Mugote FM, la radio communautaire Kalinga, la sous-station de la Radiotélévision nationale congolaise et la radio Fraternité.
Les médias d’Idjwi rencontrent plusieurs difficultés
Les intervenants à ces assises ont rappelé que dans leur administration, des radios de l’île d’Idjwi rencontrent plusieurs problèmes. Il s’agit, selon eux, du manque des documents administratifs, de contrat de travail pour les employés, de l’entretien du matériel ; ainsi que du déficit des partenaires.
Le coordonnateur de l’AJIPDDH est, lui, revenu sur les manquements au Code d’éthique et de déontologique enregistrés au cours des années passées. Ici, il reproche aux professionnels des médias de cette partie du pays d’arborer des insignes des partis politiques ou associations, regrettant que plusieurs journalistes ne détiennent pas de carte professionnelle pour prouver leur qualité.
Kalaja Karongo, qui a également parlé de l’accompagnement de la presse locale par les autorités territoriales d’Idjwi, s’est aussi interrogé sur l’engouement de la jeunesse, surtout féminine, vers le métier de journalisme au détriment de la pédagogie comme si le journalisme était devenu un métier lucratif ou honorifique. Pour lui, les médias traditionnels utilisés par les chefferies sans engouement des jeunes ne faisaient pas face aux difficultés multiples comme c’est le cas avec la presse actuelle.
De son côté, l’administrateur du territoire d’Idjwi a souligné que le secteur médiatique est un domaine régalien de l’état, notant qu’un ministère du gouvernement central a été mis en place pour réguler ce secteur. « Chaque secteur ayant ses principes et règles, le journalisme a des textes qui le régissent dans notre pays, et les journalistes ont intérêt à connaître ces textes pour mieux comprendre la limite de leur action », a-t-il fait savoir. Il a déploré les dérapages enregistrés dans les médias du territoire d’Idjwi lors des processus électoraux passés, caractérisés par la partialité dans le traitement de l’information. Il a lancé un appel aux professionnels des médias à nuancer leur solidarité et à ne soutenir que le journaliste qui respecte les normes du métier.
Le chef d’antenne de la Céni/Idwji, Liévin Kashabaga Amuli, s’est appesanti sur les expériences de la couverture médiatique des cycles électoraux passés. Il a attiré l’attention des professionnels de la presse sur la connaissance des institutions démocratiques établies par la Constitution, les principales lois, les mécanismes d’exercice et de contrôle de différents pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), le contre-pouvoir (l’opposition), le rôle des élus, des formations politiques, de la société civile, et des associations des droits de l’homme.
Parlant de l’importance de la couverture médiatique du processus électoral, il a indiqué que la presse comme quatrième pouvoir doit informer le public, le sensibiliser à la vie politique et expliquer simplement aux électeurs le déroulement du scrutin (toutes les étapes possibles), ses enjeux (renouvellement des institutions), comment y participer, les conditions à remplir pour voter ou pour être candidat, les sièges à pourvoir par circonscription, des changements par rapport à la loi électorale, les découpages des circonscriptions, etc. Liévin Kashabaga a, en outre, insisté sur le renforcement des capacités des médias d’Idjwi, en apportant l’information électorale en temps utile, en bannissant le discours incendiaire et en prônant impartialité.
Un autre intervenant a été le vice-président de la société civile d’Idjwi, Emmanuel Ndimwiza Murhonyi, qui a jeté un regard critique sur le travail des médias de cette partie du pays. Déplorant l’attitude de certains médias à vouloir aborder des sujets d’actualité internationale au détriment des soucis quotidiens des habitants d’Idjwi, il a plaidé pour l’information de proximité.
A l’issue de des exposés qui ont conduit aux ateliers, les participants ont émis des recommandations et pris l’engagement de « couvrir les échéances électorales prochaines avec impartialité, dans le respect de l’éthique et de la déontologie ». Ils ont notamment souhaité voir Olpa organiser de nouvelles séances de renforcement des capacités, et de conduire un plaidoyer pour un appui conséquent aux médias d’Idjwi. Tout en promettant de couvrir le processus électoral avec professionnalisme, ils ont sollicité de l’administration du territoire la multiplication des rencontres avec la presse locale.