La famille, cellule première et socle de la société, est un merveilleux cadre de quête identitaire et d'épanouissement personnel des âmes qui y sont formées. Aussi merveilleuse puisse- t-elle être dans l'essence et dans la nature, la famille est parfois le pire lieu de destruction qui puisse exister dans le monde.
Dis-moi de quelle famille tu viens, je te dirai qui tu es. Dis-moi de quelle famille tu es issu, je t'expliquerai tes angoisses. La famille est sacrée nous dit-on. Les liens de sang, c'est important; ça nous poursuit tout le temps. Ça détermine en grande partie qui on est appelé à devenir et qui on sera. Oui, on veut bien. Mais tant que ça reste bienveillant.
Les maîtres à penser de nos sociétés, élus ou autoconstitués, font souvent prévaloir les textes sacrés pour justifier, autoriser et couvrir les nids de souffrance, les nids de serpent dans nos familles au nom du père, du fils et de la bienséance. Ce serait ignorer le fondement même de ces textes sacrés qui n'est autre que l'amour. Amour de l'être supérieur, Créateur et régisseur de l'Univers. Amour de soi et amour des autres, comme soi-même.
Pourtant, au titre de père, on prive le fils de jouir d'une direction de vie propre à lui. On lui impose de reprendre les rênes d'un service étatique qui devient patronyme-dépendant. Les rêves ? C'est pour les rêveurs! Au titre d'épouse légale, on se tait pour sauver son mariage même quand on sait que son mari, père géniteur ou de remplacement, abuse de sa fille chaque nuit et jour. Au titre d'oncle et de tante, on pille la veuve et on maltraite l'orphelin. Au titre de premier né, on fait peser le joug sur les autres enfants et au titre de dernier né, de fils ou de fille unique de la fratrie, on devient un fin persécuteur, se prenant pour l'élu de la famille sans lequel celle-ci n'a pas de sens et peut-être même de socle.
Le but de la parentalité n'est pas de « dresser » des enfants, aura-t-on entendu quelque part. Tout comme les liens de sang ne sont pas une éternelle réclamation. Le but de la famille, élargie mais avant tout restreinte, est d'investir en temps, en affection, en moyens, en instruction et en éducation pour présenter à la société des hommes et des femmes faits, pas défaits, capables de la diriger de manière vertueuse.