Préfacé par Ramsès Bongolo, le roman publié à L’Hamattan-Congo dévoile une face cachée de la vie d’une prostituée sous la crise de la covid-19.
Carine, la fausse héroïne du roman, vit en concubinage avec un expatrié arabe. Malgré la forte bourse et la grande générosité de son homme, elle se livre en même temps à la luxure en souillant la couche conjugale avec tous les tombeurs de la route, une véritable nymphomane. Dans ce plus vieux métier du monde, elle s’est créée tout un réseau, avec des affidés, des sbires et des clients fidèles à sa marchandise ambulante et infâme.
La belle Carine est aussi une vraie tigresse prête à agresser tous ceux qui osent gêner son entreprise. La violence et la prostitution sont deux réalités insolites qui se consomment dans la même sauce dans ce roman. L’écrivaine sait peindre, avec des imbrications de scènes et de personnages multicolores, la complexité de la vie dans les abysses apocalyptiques de la période de confinement. On voit défiler au cours du récit des vendeuses et des travailleurs sérieux, issus de tout horizon, des citoyens qui vivent dignement de leur saine labeur, loin des vilénies de Carine et de sa cohorte noctambule.
L’écriture dans l’ensemble rend même les détails anodins assez croustillants, à l’image de ce passage : « La musique fanfaronne et obscène traversait les toits, s’en prenait aux murs. Les sonorités à caractère pornographique éclataient comme des obus aux oreilles de ceux qui somnolaient ou dormaient déjà. La musique parcourait des kilomètres jusqu’à ressusciter le chant éteint des crapauds épuisés de la rivière polluée Madukutsékélé (…) La nuit était offensée. La pudeur fusillée. La lune était rouge de la sottise de cette personne qui se dépouillait de son humanité ».
Winner Franck Palmers est une des plumes majeures de l’Afrique sub-saharienne. Auteure de dizaines d’ouvrages multigenres, romans, essais, poésie, nouvelles, elle est lauréate de plusieurs prix littéraires et enseignante d’université.