Retiré des mains des présumés trafiquants et placés en famille d’accueil depuis octobre 2002 pour certains et janvier 2013 pour d’autres, sept jeunes filles béninoises dont l’âge oscille entre 11 et 16 ans vont devoir retrouver leur pays d’origine, pourvu que la justice diligente auprès des présumés trafiquants leur engagement de dédommagement.
Recrutés depuis leur pays d’origine par les trafiquants et promis à une vie meilleure, plusieurs enfants ouest africains et béninois notamment sont exploités diversement sous fond de maltraitance, dans la vente des marchandises, les travaux forcés et la prostitution. Pointe-Noire représente, selon les chiffres, le piédestal de ce phénomène au Congo considéré comme pays de destination.
C’est également à Pointe-Noire que le ministère des Affaires Sociales a placé le projet de lutte contre la traite des enfants installé lui-même sous une coordination nationale. Le rapatriement imminent des sept filles pour lequel le projet a inlassablement activé, après avoir retirés les enfants des mains des bourreaux et placé en famille d’accueil, ne devra souffrir d’aucun obstacle surtout si le tribunal de grande instance de Pointe-Noire appelle les présumés trafiquants au respect de leur engagement.
Le 11 juillet 2013, en effet, devant les responsables de plusieurs structures qui participent au projet de lutte contre la traite, ces présumés trafiquants avaient librement pris un engagement signé pour le paiement de l’ensemble des frais relatifs au dédommagement et au rapatriement des enfants recrutés au Benin et qui ont durement travaillé sous diverses formes dans leur activité commerciale et domestique.
Le souci pour les responsables locaux du projet ayant milité pour que ces enfants regagnent leur famille biologique, est de voir ces efforts s’évaporer. Nombre d’actions intentées en justice, en effet, par la coordination du projet pour pratiques de traite sur les enfants n’ayant aucun lien biologique avec ces derniers, n’ont jamais produit d’effet.
Dans une lettre adressé au procureur adjoint prés le tribunal de Pointe-Noire, la coordination du projet souhaite voir le processus de rapatriement être réalisé dans les délais. « Notre sollicitude est d’autant plus grande et urgente que des engagements signés par les présumés trafiquants pour le rapatriement des enfants risquent de ne pas être concrétisés dans les faits et dans les délais fixés par le ministère des affaires sociales, faute de moyens de coercition de notre part. Cela affaiblirait la puissance publique et annihilerait tous les efforts consentis par le Gouvernement de la république sur la lutte contre la traite des enfants au Congo », souligne le document.
Les présumés trafiquants doivent dès maintenant réagir a trois engagements : préparer une valise, s’acquitter du billet d’avion pour le bénin et des frais de dédommagement qui se situeraient entre 300.000 et 500.000 FCFA selon les cas. Ces frais ont été vus d’un commun accord entre les parties, en attendant les conclusions des enquêtes judiciaires lesquelles pourront, sans doute, peser une fois de plus aux présumés trafiquants, car la présente procédure n’arrête en aucun moment les poursuites dont ils sont l’objet.
En 2011, 8 enfants avaient été rapatriés vers le Bénin par le ministère des affaires sociales. Ceci grâce a la mise en œuvre des instruments juridiques que sont les accords de coopération et autres plans d’action et feuilles de route en matière de lutte contre la traite des enfants signés entre les Gouvernements de la République du Congo et celui du Benin.
Avec le rapatriement imminent des 7 filles dont les familles biologiques ont déjà été retrouvées grâce à une Brigade des mineurs béninoise, la coordination du projet et le ministère des affaires sociales viennent de réaliser un pari. Même s’il ne reste pas pour l’heure d’enfants en famille d’accueil, la bataille est loin d’être gagné. Les trafiquants dont les intérêts surpassent tout, aiguisent certainement dans le silence des stratégies encore plus cruelles.
Plusieurs enfants ouest africains croupissent dans les verrous des ces marchands. L’étude menée en 2006 et publiée en 2007 par le Ministère des Affaires sociales avec l’appui de l’UNICEF a formellement identifié et analysé le phénomène. Il y ressort qu’environ 1.800 enfants sont potentiellement affectés par la traite transfrontalière.
Victimes de traite transnationale ou interne, les enfants exploités, qui évoluent dans des conditions de vie particulièrement difficiles, ne reçoivent la plupart du temps en contrepartie de leur labeur qu'un maigre salaire au vu de leurs longues journées de travail et de la pénibilité de celui-ci. En 2012, six plaintes ont été déposées au tribunal de grande instance de Pointe-Noire et quatre plaintes déposées depuis le 17 janvier 2013 par le ministère des affaires sociale. Aucun procès n’a été tenu jusque là.