Le marché congolais regorge de nombreux vendeurs ambulants ou fixes connus sous le terme de Bana ya Maganga et de vendeurs de Bokoko. Leur activité n’est régie ni par des lois, ni par des décrets. Dans le cadre d’une enquête menée auprès des consommateurs et chercheurs, le Dr Mboungou-Bouesse Blondy, chercheur pharmacologue à l’Institut national de recherche en sciences de la santé (IRSSA), revient sur les questions que l’on se pose sur l’interdiction ou non de la vente de ces produits.
Les Dépêches de Brazzaville : En tant que spécialiste en pharmacologie, quel est le danger qui résulte d’une telle pratique ?
Dr Mboungou-Bouesse Blondy : Les personnes qui vendent les plantes médicinales à la sauvette doivent faire excessivement attention, parce qu’il s’agit des plantes. Sur les plantes médicinales, il y a plusieurs vertus, mais il faut faire beaucoup attention au niveau de la toxicité. Il y a certaines plantes qui ont prouvé leurs innocuités, il y a également certaines qui ont prouvé leurs effets pharmacologiques, mais chez d’autres, par contre, on ne connaît pas. Donc, il y a un problème de toxicité qui se pose, d’autant plus que vous le savez bien, chaque produit à la base est un poison, c’est seulement la dose qui fait le bon produit. Je conseillerai à ses personnes de passer par les sachants que nous sommes à l’Irssa, nous traitons ce problème en termes de toxicité.
L.D.B: Que conseillez-vous aux personnes qui en prennent ?
Dr M.B.B : Ils doivent faire excessivement attention. Je peux répondre, par un exemple, à votre question par rapport à ce que nous faisons. Je vous présente une liane que je tais le nom devant la presse. Cette liane est utilisée pour des traitements contre la faiblesse sexuelle ; c’est une liane aphrodisiaque. Nous ici, avant que nous puissions valoriser cette liane, nous avons mené les études là-dessus. Donc, en menant les études, nous sommes passés sur les notions de toxicité. Nous avons aussi trouvé les effets aphrodisiaques comparatifs à un produit vendu en pharmacie qui est le Viagra. Il a des effets très proches. L’avantage, c’est bien, ils peuvent continuer à prendre, vu que c’est naturel, mais sachant que le naturel n’est pas toujours inoffensif, Il faut toujours jouer au niveau des doses. A notre niveau, on a constaté que si vous prenez cette liane au-delà de 50 cm, il y a des effets au niveau du cœur. Il entraîne ce qu’on appelle l’accélération cardiaque. Le vendeur n’a pas ces notions. Lui, c’est sa marchandise qui compte. Il doit se rapprocher des personnes habiletées.
L.D.B : Y a-t-il un effort qui se fait au niveau de la sensibilisation ?
Dr.M.B.B : Sur la sensibilisation, il y a des efforts. Le scientifique ne travaille pas seul, il travaille avec les détenteurs des connaissances ancestrales, ce qu’on appelle couramment les tradipraticiens, question de les sensibiliser, de jouer sur les notions de toxicité. Sur le plan scientifique, ces produits peuvent induire des maladies iatrogènes, c’est-à-dire des pathologies causées par la prise de ces médicaments. Alors si le tradipraticien n’a pas vraiment ces notions-là, il peut provoquer des problèmes de santé, notamment ce qu’on appelle les effets secondaires au niveau des reins, du foie, etc.
L.D.B : Vos relations avec l’association des tradipraticiens ?
Dr.M.B.B : Nous avons de bonnes relations avec l’association des tradipraticiens. Avant de valoriser leurs produits, ils les ramènent à l’Irssa. C’est nous qui les valorisons et leur donnons l’autorisation même des donner ces produits aux malades. Nous fixons même les doses. Ils sont très importants pour nous, parce que ce sont eux qui nous orientent, surtout en ce qui concerne les informations sur les plantes.
L.D.B : Qu’avez-vous à dire sur les tisanes ?
Dr.M.B.B : La science parle avec les résultats. Il y a des tisanes qui ont été approuvées, d’autres ont causé beaucoup de dégâts, surtout au niveau du foie, c’est un organe qui assure tout ce qui est transformation et beaucoup plus au niveau des reins. Donc, en matière des tisanes, j’insiste là-dessus, il y a des molécules chimiques qu’on ne peut pas associer. Si j’ai un sujet qui est atteint du paludisme et qui présente aussi les infections, ce que font les tradipraticiens, ils mélangent parfois ces deux tisanes et les donnes aux malades, c’est faute majeure. Il y a des molécules chimiques tout une panoplie qui se trouve dans ces deux tisanes qui ne mérite pas d’être ensemble. Au niveau de l’IRSSA nous avons moyens nécessaires pour pouvoir séparer ces molécules et retrouver chaque principe actif qui serait responsable de ces thérapeutiques et à ce moment-là dire au tradipraticien ce qu’il faut donner au malade notamment à ceux qui souffre des antécédents.
L.D.B : votre dernier mot ?
Dire aux décideurs de financé la recherche d’autant plus que la recherche est le pilier du développement d’une nation, aucune nation dans le monde s’st développé sans la recherche. Nous sommes prêts à travailler, nous attendons aussi de leur part des financements pour pouvoir augmenter encore la force surtout pour nous les chercheurs