Le célèbre créateur de bijoux haute couture de nationalité ivoirienne a séjourné dans la ville de Pointe-Noire où il a présenté des pièces de sa dernière collection le 14 juin dernier. Avant de quitter la ville océane, l'artiste s'est confié aux Dépêches

Vendredi, Juillet 4, 2014 - 12:45

Le célèbre créateur de bijoux haute couture de nationalité ivoirienne a séjourné dans la ville de Pointe-Noire où il a présenté des pièces de sa dernière collection le 14 juin dernier. Avant de quitter la ville océane,  l'artiste s'est confié aux Dépêches de Brazzaville.

Cette dernière collection de Mickaêl Kra a été présentée pour la première à Paris il y a peu de temps. Pointe-Noire  est donc la deuxième ville à  découvrir les dernières créations de l'artiste qui organisait pour la première fois un défilé de mode au Congo.  "Je suis venu sur invitation d’une amie qui est Kelly Bikoumou, épouse du  propriétaire du restaurant-bar  La pyramide, qui a bien voulu que je participe aux festivités marquant le 20e anniversaire de ce site. C'est mon premier voyage à Pointe-Noire, j'ai pensé que c'était une occasion parfaite pour présenter ma collection de bijoux 2014», a t-il expliqué.  

Les ponténégrins ont pu découvrir les bijoux de cette collection de Mickael Kra, des créations  constitués essentiellement d'éléments naturels (plumes d'autruche, terre cuite, pierre semi-précieuses, cristal et verre). Ces pièces exceptionnelles d’une rare beauté, inspirées de l’Afrique, ont ébloui et suscité l’admiration du public qui ne s’est pas empêché de le manifester par des cris et des ovations. Parmi les bijoux présentés figurent  celles baptisées « Hommage à Mandela», un bijou couvrant la poitrine jusqu'au nombril, faite, entre autres de plumes d'autruche et des pierres semi-précieuses, et « Sauvage » faite avec de la terre cuite et du cristal

L'artiste, très applaudi au terme du défilé, a confié être satisfait de cette expérience mémorable : « Je suis arrivée la veille du défilé. Les mannequins ont été préparés à la va vite. Mais elles ont vraiment assuré. Je suis satisfait de leur prestation et du cadre dans lequel le défilé s'est déroulé ». Mickaël Kra s'est dit aussi touché par la chaleur du public : « Le public a été très réceptif. II y a vraiment eu une alchimie entre lui et les filles ».

Le créateur  s'est limité à la présentation des bijoux. Aucune vente n'a eu lieu sur place ni durant son séjour. « Je sais que les gens sont restés sur leur faim. Mais je suis venu participer aux festivités en tant qu'ami pas en tant que businessman» s’est-il justifié.  Néanmoins, a-t-il indiqué, les gens intéressés peuvent se procurer les pièces de sa dernière collection sur commande. Par ailleurs, marqué par son séjour dans la ville océane, il a promis revenir pour présenter une autre collection dont les pièces seront  cette fois mis en vente à Pointe-Noire et à Brazzaville.

« Je garde toujours de l'énergie à l'intérieur pour que ça réussisse »

Premier créateur de bijoux sur le continent  africain. Mickaël Kra commence sa carrière en 1984. C'est son contrat l'ancienne compagnie aérienne  Air Afrique qui l'a propulsé. Ses premières créations vendues sous la marque « Reine Pokou » sont maintenant tirées en millier d'exemplaires. Mais l'artiste a finalement opté  la création de pièces exclusives qu'il réalise avec des matériaux parfois rares pris sur le continent africain  d'où leur production limitée. Mickaël Kra travaille avec des grands couturiers comme Alphati, Katoucha, Gabin Raldia, Yves Saint Laurent, Pierre Balmin. Ses créations de Mickaël Kra  sont réunies dans une œuvre intitulé «Joaillerie entre Paris glamour and tradition africaine» paru aux éditions Arnauld. L'artiste se dit être un visionnaire  Mickaël Kra à l'âme d'un artiste. Quelque en avance sur son temps, un visionnaire au service de l'Afrique.

A coté des paillettes et des podiums, l'artiste  a décidé d'aider  les minorités défavorisées. Dans ce cadre, il organise des ateliers  en Afrique du sud, au Botwana et en Namibie destinés aux Bushman, les femmes du kalari ainsi que  les femmes séropositives en vue de leur permettre de se prendre en charge et d’être financièrement autonomes en faisant de la création. L'artiste a confié avoir beaucoup de projets. Ne voulant pas aller trop vite en besogne il a indiqué : « Je garde toujours de l'énergie à l'intérieur pour que ça réussisse ». Par ailleurs, il a encouragé les artistes africains à persévérer dans leur carrière : « Etre artiste c'est un métier que les gens ne comprennent pas souvent. Ils le trouvent abstrait. Ce que je fais, pour moi ce n'est pas un travail, c'est un plaisir. Cela n'a pas toujours été facile mais quand quelque chose rencontre votre rêve cela. Je n'ai pas d'abord cherché la célébrité. Dans la vie quand on donne avec le cœur, le seigneur  vous le rend par millier. Il ne faut pas toujours calculer.»

Mickaël Kra qui est parfois en avance sur son temps se voit comme un visionnaire au service de l'Afrique en qui il croit. « J’y crois beaucoup et je défends à l'international tous les frères » a d-il dit avant d’exhorté ses frères africains à la paix et à l’amour et aussi à consommer locale: « Nous devons marcher main dans la main, accepter et être comme Nelson Mandela qui a pardonné à ceux qui l'ont mis en prison. Les africains doivent se prendre en main et être indépendants de tout. L'art est une manière de militer pacifiquement. A travers mes collections je peux faire passer des idées. Les artistes ont les moyens de faire de grandes choses. Il fuir le complexe et consommer locale ».

Lucie Prisca Condhet N’Zinga
Légendes et crédits photo : 
- la création "Hommage à Mandela" lors du défilé à Pointe-Noire -Une des pièces de la collection