Le rideau s’est levé le 6 mai sur la 5ème édition du Festival international de la photographie d’auteur de Brazzaville, Kokutan’Art, sous le signe de la créativité et de l’engagement visuel. Le thème de cette édition, « Afrotopiques : réimaginer les possibles », a donné le ton d’un vernissage vibrant, où les regards croisés des photographes venus du continent et d’ailleurs ont ouvert de nouvelles perspectives sur l’Afrique contemporaine.
La soirée d’ouverture, organisée au cœur de la capitale congolaise, a rassemblé un public curieux et enthousiaste, venu découvrir les œuvres percutantes de photographes de renom et de jeunes talents prometteurs. Parmi les artistes qui ont exposés, trois d’entre eux ont retenu l’attention par leur puissance narrative et leur s’ingularité.
Les photographies du canadien d’origine haitienne Phillipe Blondel, intitulées « Nassara », nous plongent dans le quotien sahélien au Burkina Faso où depuis trois ans, l’artiste capture l’intimité des vies marquées par l’ordinaire et l’incertitude. Son travail traduit ses préoccupations face au bouleversements du monde et au défis qui attendent les génerations futurs. Il a été temoin des desespoirs et désillusion d’une jeunesse en quete de renouveau dont le pays avait été secoué par plusieurs coup d’Etat, plongeant le burkina Faso dans une instabillité grandissante.
« j’ai habité avec un ami, dans sa case avec sa famille. De façon tres naturelle, les images se sont créees. Les enfants jouaient avec les cameras et moi aussi. Par consequent nous avons créer ces images ensembles », a affirmé l’artiste
« Les invisibles de la termitière » et « reve de l’au-delà » de la Beninoise Eliane Aisso sont deux thématiques liées à l’invisible. D’une part , les invisibles de la termitière s’interessent à leurs roles spirituels percues comme des refuges au Benin. Ce travail photographique en clair-obscur revisité, examine la relation entre l’humain et ses architectures naturellessacrées. D’autre part , reve de l’au-delà, questionne la reincarnation et la continuité des aspirations apres la mort à travers la divination du Fa chez les Fon et Yoruba.
Quant à « Ekonen , ces photographies du Sud Africain Sibusiso Bheka, peingnent les violences, la pauvreté, la criminalité et les abus qu’on fait face la population sud africaine dans les années 1991 et qui jusqu’à lors subissent encore les sequelles de cette epoque. L’ artiste immerge dans cette réalité pour depasser les stereotypes et reveler la complexité de la vie quotidienne. Il photographie la nuit où se melent ambiance, danger, reves et opportunités. Ses œuvres mettent en avant la lumiere et les couleurs, en l’occurrence les teintes jaunes et oranges des lampadaires installés sous l’apartheid pour surveiller les habitants.
Kokutan’Art s’impose désormais comme une plateforme incontournable pour penser l’Afrique par l’image, hors des stéréotypes et des récits figés. À travers les objectifs de ces artistes, c’est un continent qui se raconte, se projette, se rêve autrement. L’exposition se poursuit jusqu’au 6 Juin, avec des ateliers, des projections et des rencontres qui prolongeront la réflexion.
« Réimaginer les possibles », c’est aussi réapprendre à voir. Et Kokutan’Art en fait l’éblouissante démonstration.