Portrait : Ange Kayifa met en scène l’âme des fleuves

Jeudi, Mai 8, 2025 - 15:00

Le 6 mai dernier, l’Institut français du Congo (Ifc) a vibré au rythme des « Chants des fleuves », une performance saisissante portée par Ange Kayifa, artiste pluridisciplinaire camerounaise. Entre silence, cris et symboles, elle a emporté le public dans un voyage sensoriel intense, où l’art s’est mêlé à quelques éléments simples, mais à la fois significatifs, du quotidien.

 

C’est dans le cadre de la 5e édition des Rencontres internationales de la photographie d’auteur « Kokutan’art » qu’Ange Kayifa a livré, aux côtés de deux autres artistes, une performance marquante intitulée Chants des fleuves. Pendant environ trente minutes, l’artiste a transformé le hall puis le parvis de l’Institut français du Congo en un véritable théâtre du sensible, où sel, eau, bougie allumée devenaient des outils de narration.

Tout commence par une lente marche. Les trois artistes, bougie en main, arpentent le hall de l’Ifc. Leurs gestes précis et leur démarche empreinte de charme captent immédiatement l’attention. Le silence du début laisse peu à peu place à des chants, des cris, des mots jetés comme autant d’appels à une mémoire oubliée. Dans une chorégraphie intense, elles semblent se libérer, se dépouiller puis renouer avec quelque chose de profondément ancré.

Le point culminant de la performance survient lorsque les artistes plongent dans leurs gamelles remplies d’eau avant d’en ressortir toutes trempées et battre les surfaces d’eau de ces gamelles avec vigueur, comme pour réveiller les esprits. Autour d’elles, le public est suspendu. Certains, comme Julia Pemba, admettent être venus par simple curiosité, attirés par la foule. « Je passais, j’ai vu une foule, et la curiosité m’a emmenée à assister à ce beau spectacle », a confié Julia. D’autres, déjà familiers des performances, échangent à voix basse : « C’est de l’art ça. La performance c’est vraiment une discipline à part entière », explique un spectateur.

Parmi les admirateurs, Déborah Akouala ne cache pas son enthousiasme : « Ange était exceptionnelle dans sa performance. Les mouvements du corps, la maîtrise de la scène, tout était maîtrisé ». Et cette maîtrise, Ange Kayifa la puise dans une longue pratique artistique entamée dès son plus jeune âge. Photographe, performeuse, elle s’inspire de son vécu et des tensions sociales pour explorer des thèmes forts : violences faites aux femmes, affirmation de soi, liberté, silence…

Comme dans toutes ses performances, Ange Kayifa ne raconte pas seulement des histoires : elle les incarne, les transmet, les partage avec une intensité rare. En cette soirée du 6 mai, c’est l’âme des fleuves qu’elle a convoquée, pour faire vibrer les corps, interroger les consciences et rappeler que l’art peut, en un souffle, nous reconnecter à l’essentiel et susciter un monde possible comme le veut le thème de cette 5e édition de Kokutan’art, à savoir « Afrotopiques : Ré-imagineer les possibles ».

Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
1- Ange Kayifa en pleine performance « Chants des fleuves »/DR ; 2- Les trois artistes en plein spectacle/DR
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