À cœur ouvert : le mouton noir est en fait blanc

Lundi, Mai 12, 2025 - 13:45

Assis sur le rebord de la fenêtre, observant le ciel, un petit garçon laisse son esprit aller aux étoiles, l'âme bordée par mère lune. Il se sent étranger à sa maison, à ses amis, à sa famille. Une profonde nostalgie l'étreint. Se pourrait-il qu'il vienne d'ailleurs ?

 

Tiré de sa rêverie par l'agacement de sa mère, les cris de son père et les moqueries de son frère, le petit garçon les rejoint à table comme devant faire ce qui se doit pour donner l'image d'une famille normale, mais à qui, il ne sait pas.

Le repas est monotone, ennuyeux, les conversations ne donnent à rire qu'à ceux qui en ont envie.

Le petit garçon rejoint son lit et se dit que tout changera quand il aura grandi.

Il marche dans la vie sans faire de bruit, il évite les cris et rase les murs. Il préfère le calme et la solitude de sa chambre ainsi que des couloirs de la bibliothèque. Il aime la musique, l'écoute dans son lit. Il refait le monde mais en restant dans sa bulle. Il a l'air fragile, on le trouve gentil. Mais une sombre part demeure en lui, lorsqu'il la ressort, elle est dévastatrice. Elle crie vengeance, elle réclame justice.

Il apprend à la regarder, à lui parler, à la courtiser, à l'apaiser, à lui dire " oui " de temps en temps. Il apprend l'art de la maîtrise.

Il a pris de la taille, sa voix a mué. À cause des filles sans doute, il a appris à parler, à sourire, mais il a continué à se retirer du bruit de la vie. Dans le silence de la nuit, dans le silence de la vie, il a appris à dire " non " même quand ça provoquait l'hystérie de sa mère et la violence de son père, à choisir pour lui-même même quand son frère disait de lui qu'il n'était qu'un bon à rien, un souffle inutile.

Le petit garçon a grandi

Sur son chemin, il s'est attiré les humiliations, les pires, les critiques, les moqueries mais n'a jamais cessé de sourire. La nuit, il se balade sur la lune. On a beau le traiter au mépris le plus dur, il grandit, s'épanouit, il rayonne, il prend la place, il occupe l'espace.

On a beau dire de lui qu'il n'est qu'un pauvre mouton noir chétif et galeux mais en réalité, c'est un mouton blanc, un agneau sans tâche.

Princilia Pérès
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