Économie bleue : la France veut accompagner l’Afrique dans une transition marine stratégique

Mercredi, Juin 11, 2025 - 13:08

Lors de la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc-3) à Nice, le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, a tendu la main aux pays africains en affirmant la volonté de son pays de « se tenir à leurs côtés » pour bâtir une économie bleue durable. Une posture diplomatique qui mêle reconnaissance de la souveraineté africaine et proposition d’un partenariat écologique stratégique.

« L’océan est une histoire partagée », a lancé le président français, appelant à un sursaut face aux menaces pressantes : réchauffement des eaux, érosion côtière, pollution plastique, surpêche… En Afrique, ces phénomènes affectent directement les économies et les sociétés, particulièrement dans des États où plus de 70 % de la population vit sur les littoraux.

Emmanuel Macron a salué les initiatives africaines déjà en cours : surveillance satellitaire des pêches aux Seychelles, interdiction des sacs plastiques en Côte d’Ivoire, stratégie bleue du Gabon. Il a également cité la Mauritanie, le Sénégal, le Cap-Vert, le Mozambique et Madagascar comme exemples de pays investis dans la lutte contre la pêche illégale. Derrière ces encouragements, une réalité : l’Afrique n’est plus simplement bénéficiaire mais moteur de solutions. Ce tournant Sud-Sud invite à repenser le rôle de partenaires comme la France.

Des engagements français, mais des attentes africaines

La France, via l’Agence française de développement, revendique 1,128 milliard d’euros investis en projets océaniques en Afrique sur quatre ans. Emmanuel Macron a annoncé un renforcement de la coopération sur la formation, les équipements maritimes et le soutien institutionnel à la gouvernance des mers. Mais ces engagements restent soumis à une critique croissante : la lenteur des résultats concrets, le manque d’autonomie locale dans les décisions et la prévalence d’un cadre d’aide plutôt que de co-investissement équitable. La critique constructive suggère que la France doit aller au-delà du discours vert pour redéfinir un vrai partenariat symétrique.

Le président français a insisté sur le respect des souverainetés africaines et appelé à une gouvernance maritime régionale partagée. Un positionnement diplomatique attendu, mais encore flou dans sa mise en œuvre. L’Afrique demande aujourd’hui moins de promesses et plus de moyens concrets pour renforcer ses capacités techniques, scientifiques et réglementaires.

Vers une coopération bleue, mais à rééquilibrer

La volonté française de renforcer ses partenariats en Afrique sur la question océanique reflète à la fois une prise de conscience géopolitique et écologique. Toutefois, la crédibilité de cette coopération passera par une rupture avec les approches descendantes du passé, en favorisant un transfert réel de compétences et une co-construction des politiques marines. L’enjeu est double : sécuriser les ressources halieutiques vitales pour les économies africaines et ancrer l’Afrique comme acteur central de la gouvernance mondiale des océans.

À Nice, la France a parlé d’unité et de responsabilité partagée. Reste à savoir si elle est prête à assumer une posture de partenaire  - et non de guide - dans cette nouvelle ère bleue. Pour l’Afrique, l’enjeu est clair : il s’agit d’unir protection environnementale et souveraineté économique.

Noël Ndong
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