Exploitation des enfants : l’objectif d’éradication ne sera pas atteint cette année

Jeudi, Juin 12, 2025 - 16:59

A l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, célébrée le 12 juin, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme. Malgré des décennies de progrès, 138 millions d’enfants dans le monde continuent d’être contraints de travailler dont 54 millions dans des conditions dangereuses, compromettant ainsi leur santé, leur éducation et leur avenir.

Dans leur nouveau rapport conjoint intitulé « Travail des enfants : estimations mondiales 2025, tendances et chemin à suivre », l'Unicef et l'OIT reconnaissent que l’objectif d’éliminer totalement le travail des enfants en cette année, fixé par l’agenda 2030 des Nations unies, ne sera pas atteint. Pire, les efforts mondiaux doivent être accélérés onze fois plus vite pour espérer inverser durablement la tendance.

Si depuis 2020 environ 22 millions d’enfants sont sortis du travail, cette progression reste trop lente pour compenser les effets durables de la pandémie de Covid-19, des conflits et des réductions de financements publics. « La place des enfants est à l’école et non au travail. Pour cela, il est impératif de soutenir les parents et de leur donner accès à des emplois décents afin qu’ils aient les moyens financiers de veiller à ce que leurs enfants puissent étudier et n’aient pas à vendre sur le marché ou à travailler dans l’exploitation agricole familiale pour subvenir aux besoins de leur famille », affirme le directeur général du travail, Gilbert Houngbo.

Des secteurs et des inégalités marquées

Le travail des enfants reste concentré dans l’agriculture (61 %), suivie par les services tels que les travaux domestiques et la vente dans les marchés (27 %) et l’industrie, notamment dans l’exploitation minière (13 %).

L’Unicef et l’OIT pointent également des inégalités de genre persistantes. Outre la surreprésentation des garçons, tout âge confondu dans le milieu, les chiffres s’inversent au détriment des filles dès lors qu’on prend en compte le travail domestique non rémunéré, souvent invisible et sans protection légale.

Un phénomène intercontinental

La région la plus touchée reste l’Afrique subsaharienne, avec près de 87 millions d’enfants travailleurs, une proportion qui n’a pratiquement pas évolué ces dernières années. Cette situation s’explique par la surpopulation des villes, les crises en cours, l’extrême pauvreté et la pression exercée sur les systèmes de protection sociale.

C’est en Asie et dans le Pacifique où le travail des enfants a le plus reculé, passant de 49 millions à 28 millions d’enfants. Une amélioration a également été observée en Amérique latine et dans les Caraïbes qui, malgré une prévalence inchangée, le nombre d’enfants concernés est passé de 8 millions à près de 7 millions au cours des quatre dernières années.

 Appel à l’action

Pour les deux agences, il est impératif de renforcer la protection sociale des familles vulnérables, d’investir dans une éducation gratuite et de qualité, et de soutenir les États dans l’application des lois contre l’exploitation infantile. Elles appellent aussi les donateurs internationaux à ne pas réduire leurs engagements financiers, car plusieurs programmes de lutte contre le travail des enfants sont menacés. « Nous devons réaffirmer notre engagement à tout mettre en œuvre pour que les enfants étudient et jouent au lieu de travailler », a indiqué la directrice de l’Unicef, Catherine Russell.

 

Jean Pascal Mongo-Slyhm (Stagiaire)
Légendes et crédits photo : 
Des enfants travaillant dans une mine de granit/ DR
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