Plus de soixante ans après leur création, Les Bantous de la capitale confirment leur statut de légendes vivantes de la musique congolaise avec la sortie de leur nouvel album Bakolo mboka , produit par World Numeric Media. Cet album, dont le titre signifie « les anciens du village », s’inscrit dans une démarche à la fois mémorielle, pédagogique et identitaire, fidèle à l’histoire et aux aspirations du groupe.
L’album Bakolo mboka poursuit un objectif clair : transmettre, préserver et célébrer l’héritage musical congolais, tout en bâtissant un pont solide entre les générations. Il traduit la volonté du groupe de perpétuer une tradition musicale enracinée dans l’histoire du Congo, en la réinterprétant à la lumière des sensibilités contemporaines.
D’un point de vue artistique, ce nouvel opus rend hommage aux pionniers de la rumba congolaise, en revisitant les sonorités qui ont façonné l’identité des Bantous depuis leur fondation en 1959. Les morceaux, portés par des textes empreints de sagesse et d’émotion, abordent des thématiques fortes comme la mémoire, la reconnaissance, la dignité, l’amour et l’unité, autant de valeurs essentielles à l’ADN musical du groupe.
Mais Bakolo mboka dépasse le simple hommage car il s’impose comme un véritable instrument de transmission patrimoniale. À travers cet album, Les Bantous cherchent à insuffler aux jeunes générations le goût de la rigueur musicale, le respect des anciens et la fierté d’un héritage culturel riche et vivant. L’intégration de jeunes musiciens aux côtés des vétérans illustre cette volonté de continuité, où tradition et innovation dialoguent avec intelligence.
Dans un paysage musical africain largement marqué par les tendances électro-urbaines, cet album fait figure de résistance culturelle élégante. Il rappelle que l’évolution musicale ne peut être féconde qu’en restant enracinée dans une mémoire assumée, preuve que l’authenticité reste une force esthétique et émotionnelle.
L’album comprend treize titres originaux, explorant un éventail de styles allant de la rumba à la pachanga, en passant par la salsa et des ballades aux accents afro-cubains. Parmi les morceaux à retenir figurent Bantous pachanga, Rosalie Diop, Comité Bantous, Merci mama, À mon avis, ou encore le poignant Pot-pourri sur le passé, qui revisite les classiques du groupe dans une version modernisée. Chaque titre repose sur des arrangements soignés, des harmonies chaleureuses et des paroles empreintes d’universalité, en l’occurrence transmission, filiation, amour et fierté d’appartenance.
Les Bantous fidèles à eux-mêmes
La préparation de l’album s’est déroulée dans un esprit de fidélité et d’ouverture. Malgré les années, le groupe est resté fidèle à son exigence musicale, tout en s’ouvrant aux apports des jeunes générations. Cette collaboration intergénérationnelle a permis d’insuffler un souffle nouveau à l’ensemble, sans trahir sa signature sonore. Le résultat : une œuvre élégante, vivante et résolument contemporaine dans sa forme, tout en demeurant intemporelle par son fond.
Bakolo mboka n’est donc pas un simple album de retour. C’est une déclaration d’amour à la musique congolaise, un acte militant en faveur de la mémoire collective, et un trait d’union sensible entre les époques. À l’heure où les tendances se succèdent à grande vitesse, Les Bantous de la capitale rappellent, avec sagesse et noblesse, que la rumba demeure une colonne vertébrale de l’identité musicale du Congo.
Fondé le 15 août 1959 à Brazzaville, l’orchestre est né de l’initiative de musiciens congolais revenus de Léopoldville (Kinshasa), alors membres des prestigieux orchestres TP OK Jazz et Rock-A-Mambo. Parmi les fondateurs, de grandes figures comme Jean-Serge Essous, Édouard Nganga “Ganga Édo”, Célestin Kouka “Célio”, Daniel Loubelo “De la Lune”, Saturnin Pandi et Nino Malapet. Dès sa création, le groupe s’est distingué par la qualité de ses harmonies, sa discipline scénique et la richesse de ses arrangements.
Tout au long des décennies, Les Bantous de la capitale ont traversé les bouleversements politiques, esthétiques et générationnels sans jamais perdre leur identité. Leurs titres emblématiques comme Masuwa, Rosalie, Samy na Katy, Miléna, Mama Alphonsine font aujourd’hui partie du patrimoine musical africain. Leur longévité exceptionnelle en fait l’un des derniers grands orchestres créés avant les indépendances encore en activité, un monument vivant de la culture du continent.