Exposition d’art : la rumba congolaise célébrée à travers la peinture

Jeudi, Juin 26, 2025 - 17:31

Les légendes de la rumba congolaise sont sorties, le 25 juin au musée du Bassin du Congo, du silence des vinyles grâce aux mains de l’artiste peintre Bonide Miekoutima, pour s’afficher sur la toile. À travers une série de représentations vibrantes dédiées à la célébration de la rumba congolaise, l’artiste a souhaité immortaliser les figures emblématiques de ce genre musical des deux Congo, classé au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2021.

L'exposition a proposé un véritable voyage dans le temps, retraçant l’évolution de la rumba des deux rives du Congo depuis ses origines afro-cubaines jusqu’à son apogée contemporaine. Chaque œuvre a évoqué un pan de cette histoire, les premières sonorités importées des Caraïbes, l’émergence des grands orchestres comme les Bantous de la capitale, l’African Jazz ou l’OK Jazz, les bals populaires des années 1960 avec le bar Chez Faignond, les figures légendaires Paul Kamba, Antoine Moundanda, Edo Ganga, Wendo, Pépé Kallé, Franco, Jacques Loubelo, Pamelo Mounka, Papa Wemba, Koffi Olomide jusqu’aux artistes actuels qui continuent de perpétuer la tradition tels que Roga Roga, Fally Ipupa, Quentin Mouyasko, Djoson le philosophe qui a été pour la circonstance le commissaire de l'exposition.

L’artiste Bonide Miekoutima, connu pour sa capacité à mêler couleurs chaudes, silhouettes dansantes et textures, a confié avoir travaillé sur ce projet afin de rappeler la grandeur de cette musique qui, au fil des générations, est un symbole de résistance, d’amour et de communion. « Bien que proclamé patrimoine immatériel de l’humanité, j’ai voulu par cette exposition donner à cette peinture artistique quelque chose de tangible. Les gens devraient reconnaître les pionniers, ceux qui ont précédé, ceux qui ont marqué l’histoire de la rumba congolaise », explique-t-il. L’exposition s'est voulue à la fois artistique et pédagogique, chaque tableau étant accompagné d’un petit texte explicatif retraçant la période ou l’événement évoqué.

Les œuvres interrogent aussi les mutations sociales et politiques que la rumba a accompagnées. On pouvait à travers ces fresques écouter ''Ata Ndele'' d’Adou Elenga, "Indépendance cha cha" de l’African Jazz de Kallé Djeff, "Congo na biso" des Bantous de la capitale, "Nakomituna" de Verkys Kiamwangana ou " Le bucheron" de Franklin Boukaka. Des titres évoquant ce vent de liberté qui a soufflé sur l’Afrique à l’aube des indépendances, la montée des élites culturelles africaines, les migrations musicales, l’émergence de mouvements urbains et la place des femmes dans la danse comme dans les orchestres.

Parmi les invités au vernissage de cette exposition figurait la ministre de l’Industrie culturelle et artistique, Lydie Pongault, qui n’a pas manqué de saluer l’œuvre de cet artiste. Dans son mot d’ouverture, elle a rappelé l’importance de valoriser et de pérenniser notre patrimoine culturel. « À travers ses pinceaux, Bonide ne peint pas seulement les images. Il restitue les émotions, des mémoires, des rythmes. Sa série consacrée à la rumba congolaise est un véritable champ visuel. Elle capte les mouvements, les regards, les silences et les fièvres d’un art musical qui est pour les Congolais bien plus qu’un divertissement, une identité. Grâce à cette exposition, nous revisitons l’âme d’un peuple, nous rendons hommage aux pionniers dont les accords et les mots ont fait danser l’Afrique et le monde », a-t-elle déclaré.

Autre moment fort, la présence remarquée de plusieurs figures de la scène musicale congolaise, venues soutenir l’artiste. Certains se sont même livrés à des improvisations musicales, rendant l’atmosphère encore plus conviviale. Dans un dialogue spontané entre l’art visuel et la musique vivante, le public a assisté à une célébration de la rumba dans toute sa richesse.

L’exposition se poursuit jusqu’au 21 août au musée du Bassin du Congo, situé dans l’enceinte des Dépêches de Brazzaville. Les tableaux sont proposés à la vente, une manière pour l’artiste de faire vivre cette mémoire au-delà des cimaises, notamment dans les foyers, les restaurants, boutiques... Pour ceux qui s’intéressent à l’art, à la musique ou à l’histoire congolaise, cette exposition offre une plongée émotive et documentée dans un aspect fondamental du patrimoine culturel des deux Congo et d’ailleurs.

Jean Pascal Mongo-Slyhm, stagiaire
Légendes et crédits photo : 
1- Quelques tableaux de la série « Rumba congolaise » de Bonide Miekoutima/Adiac 2- L’artiste posant avec les invités au terme du vernissage/Adiac
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