Interview. Gervais Tomadiatunga: « La jeunesse a prouvé qu’elle pouvait porter haut notre culture »

Jeudi, Juillet 24, 2025 - 13:15

Chorégraphe du spectacle d’ouverture de la 12e édition du Festival panafricain de musique (Fespam) qui se tient du 19 au 26 juillet à Brazzaville, le danseur et directeur de la compagnie Danse incolore, Gervais Tomadiatunga, revient sur les conditions de création d’un show vibrant, pensé comme un hommage à la jeunesse congolaise. Entrtien.

 

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Bonsoir Gervais, c’était tout feu tout flamme pour le spectacle d’ouverture du festival. Pouvez-vous nous faire un flash-back des coulisses?

Gervais Tomadiatunga (G.T.) : Bonsoir. Je dirai que les conditions de préparation étaient très difficiles puisque les danseurs ont travaillé au cercle culturel Sony-Labou-Tansi, sur une nuée de poussière, à une vingtaine de degrés sous un soleil de plomb. Mais ils ont gagné le pari, parce qu’on a travaillé plus de trois semaines intensément, avec huit heures de répétition par jour. Aujourd’hui, je suis très fier d’eux, parce que la mission qui m’a été confiée par madame la ministre de l’industrie culturelle, Lydie Pongault, pour ce spectacle d’ouverture, à mon sens, a réussi. Et comme l’a dit monsieur le président de la République, Denis Sassou N’Guesso, cette année, c’est l’année de la jeunesse. Eh bien, la jeunesse a montré ce soir qu’elle peut faire beaucoup pour valoriser notre culture, ici et ailleurs.

L.D.B.C. : Quel est le message derrière ce spectacle intitulé « Année de la jeunesse » ?

G.T. : Le message derrière, c’est l’espoir. L’espoir que le président nous a transmis, celui d’une nouvelle génération qui se prend en main. Aujourd’hui, avec le numérique, beaucoup de jeunes deviennent auto-entrepreneurs, ce qui n’était pas courant dans le passé. Ils deviennent plus indépendants, plus ambitieux, et c’est cela que nous avons voulu dire à travers ce spectacle : l’espoir d’une jeunesse debout.

L.D.B.C. : On a souvent tendance à faire appel à des experts venus de l’extérieur pour prêter main forte au déficit local. Mais, aujourd’hui, c’est un fils du Congo qui a été à la manœuvre. Quel sentiment avez-vous par rapport à cette opportunité qui vous a été donnée ?

G.T. : Pour moi, c’est une vraie chance, en tant qu’artiste congolais. Même si j’ai beaucoup voyagé à l’international, je forme des danseurs ici depuis 2004, je reviens chaque année pour cela. L’an dernier, j’ai créé un spectacle qui a tourné en Afrique, notamment au Masa, à Abidjan. Ce spectacle est maintenant en tournée en Europe. Donc quand madame la ministre m’a demandé de revenir, j’ai accepté avec joie, parce que cette commande de former les danseurs et de créer avec eux une œuvre de cette ampleur, c’est un vrai honneur. Et tous ceux qu’on a vus ce soir sur scène étaient d’abord des élèves, des jeunes en formation.

L.D.B.C. : D’autres projets sont-ils egalement en cours ?

G.T. : Oui. Je vais rester au Congo jusqu’en septembre, parce qu’on a encore des projets  avec madame la ministre. Elle m’a confié une commande autour de la danse mopacho, cette danse populaire mondialement connue, mais dont peu de gens savent qu’elle vient du Congo. Mon défi, c’est de créer un spectacle qui la valorise, de lui donner une narration, une mise en scène, une portée culturelle.

L.D.B.C. : Pour terminer, que répondez-vous à ceux qui pensent que le Congo n’est pas encore à la hauteur pour produire de grands spectacles ?

G.T. : Ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent, je respecte toutes les opinions. Mais je peux vous dire que ce qu’on a réalisé ici n’a rien de simple. C’était un vrai challenge : penser un spectacle pour 300 personnes, avec une scénographie massive, de nombreuses sorties de scène… et puis, il a fallu tout réadapter ! C’était comme recréer un nouveau spectacle, dans d’autres contraintes. Donc oui, ce n’est pas parfait, mais c’est une grande victoire. Parce qu’avec peu de moyens, la jeunesse congolaise a prouvé ce soir qu’elle avait du talent, de la rigueur, de la vision.

Propos recueillis par Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
Gervais Tomadiatunga, danseur-chorégraphe congolais basé en Europe/DR
Notification: 
Non