L’Agence américaine pour le développement international (USAID) a longtemps été un pilier de l'aide humanitaire et du développement, notamment en Afrique subsaharienne. Mais les changements dans la politique extérieure des États-Unis ont entraîné un démantèlement progressif de l'USAID. Les multiples initiatives menées en Afrique par des pays comme la Chine, le Qatar, la Russie et la Turquie sont encore loin de combler le vide en matière de santé, d'éducation et de développement économique.
Depuis son établissement il y a six décennies, l’USAID a investi des milliards de dollars en Afrique subsaharienne. Des programmes destinés à lutter contre le VIH/SIDA ont permis de réduire les taux d'infection et de mortalité. Des initiatives telles que Feed the Future (Nourrir l'Avenir) ont renforcé la sécurité alimentaire en soutenant les agriculteurs locaux. L’agence USAID a non seulement apporté des ressources financières, mais a également renforcé les capacités locales à travers des formations et des partenariats.
Sous l'effet d'une politique de réduction des dépenses publiques et d'un désengagement de l'aide étrangère, le budget de l'USAID a connu une diminution alarmante, d'environ 20 % au cours des cinq dernières années. Cette réduction a conduit à la fermeture de bureaux régionaux et à l'annulation de divers programmes vitaux, laissant un vide considérable. La santé publique en Afrique subsaharienne souffre des conséquences directes de ce démantèlement. Des millions de personnes qui bénéficiaient de traitements antirétroviraux pour le VIH/SIDA risquent de perdre l'accès aux soins. Les organisations de santé locales, déjà souvent sous-financées, peinent à combler ce vide.
Le système éducatif subit également les effets néfastes de cette réduction d'aide. Les programmes qui soutenaient la formation des enseignants et amélioraient l'infrastructure scolaire sont en recul. En Côte d'Ivoire, par exemple, des enfants des zones rurales se retrouvent sans accès à une éducation de qualité, compromettant ainsi leur avenir et celui de leur pays. Les écoles, qui comptaient sur les financements de l’USAID pour des programmes de nutrition scolaire, sont désormais confrontées à des pénuries alimentaires. La sécurité alimentaire est gravement menacée par la réduction de l’aide. L’USAID a joué un rôle crucial dans le soutien aux agriculteurs et dans l'amélioration des techniques agricoles. Avec la diminution du financement, des millions de petits agriculteurs en Éthiopie et au Malawi luttent pour maintenir leur production.
Face au vide laissé par la fermeture de l’USAID, les acteurs locaux tentent de s’adapter avec des ressources limitées. Certaines organisations innovent en développant des solutions de financement communautaire et en renforçant la solidarité entre les villages. Mais leur capacité à remplacer l'aide américaine demeure insuffisante et, dans de nombreux cas, les retombées restent superficielles. Le retrait progressif des États-Unis de l'aide en Afrique subsaharienne ouvre la porte à d'autres acteurs, notamment la Chine, la Turquie, la Russie et le Qatar, qui intensifient leurs investissements dans la région. La nécessité d’un soutien international renouvelé, fondé sur des partenariats équitables et durables, est plus cruciale que jamais pour garantir un avenir meilleur aux populations vulnérables de la région.