Voir ou revoir : « On becoming a guinea fowl »

Jeudi, Août 7, 2025 - 13:45

Le long-métrage « On becoming a guinea fowl »est un conte contemporain audacieux sur la mémoire, le secret et la libération féminine. À découvrir ou redécouvrir sans attendre.

Au cœur de la Zambie, pendant des obsèques traditionnelles, une jeune femme nommée Shula fait une découverte inattendue : le corps de son oncle Fred, récemment décédé lors d’une fête. C’est le point de départ d’un huis clos dramatique qui va faire émerger un secret familial lourd. Le film, écrit et réalisé par Rungano Nyoni, mixe drame, réalisme magique et humour noir pour donner vie à un récit à la fois intime et universel.  

Shula, incarnée par Susan Chardy, incarne une génération prête à briser la loi du silence. Alors que les rites funéraires se succèdent, l’émotion semble absente, comme si l’événement était dissocié de la vie. Peu à peu, on comprend la raison de ce détachement : l’oncle Fred est accusé d’avoir abusé sexuellement d’un membre de sa famille, mêlant culpabilité collective et déni culturel. Shula représente alors un souffle nouveau : elle refuse l’aveuglement imposé par les traditions.

Visuellement, « On becoming a guinea fowl » qui signifie « devenir une pintade » est un film marquant. Nyoni distille des touches de surréalisme qui ponctuent un récit serré, presque minimaliste. Le symbolisme de la pintade, ce volatile bruyant etcapable de signaler le danger, devient une métaphore de l’éveil, de la voix libérée, tandis que le décor rural zambien et l’approche documentaire en subtilité renforcent l’authenticité du propos.

Ce film a été sélectionné dans la section « Un certain regard » du Festival de Cannes 2024, où il a fait forte impression par son originalité et son ton résolument féministe. Il est aujourd’hui disponible dans plusieurs pays, et continue de générer des débats sur le rôle des femmes dans la reconstruction post-traumatique de communautés assiégées par le silence.

Le parcours de Shula est à la fois personnel et symbolique. Elle traverse en silence la cérémonie, observe, garde le masque, avant d’oser briser l’omerta. Cette lente maturation émotionnelle est portée par une narration douce, tendue, et jamais démonstrative. Le contraste entre l’apparente passivité de la jeune femme et son engagement intime rend le film à la fois bouleversant et inspirant.

À voir ou revoir, « On becoming a guinea fowl »offre une image forte de la femme noire qui se réapproprie la parole, refuse l’injustice et s’affirme dans une société qui cherche à étouffer la vérité. Un conte moderne, à la croisée du cinéma de genre et du documentaire engagé, signé par une voix africaine qui murmure fort.

Merveille Jessica Atipo
Légendes et crédits photo : 
L’affiche du film/DR
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