Le 8 août, le Cercle culturel Sony Labou Tansi a vibré au rythme du souffle épique de Chaka, héros du Zulu, porté par le Théâtre national congolais et soutenu par le ministère de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs.
Porté sur les planches par l’énergie des comédiens du Théâtre national congolais et l’aura intemporelle de son auteur, Le Zulu de Tchicaya U Tam’si a signé, vendredi soir, un retour triomphal sur les planches brazzavilloises de cette compagnie de théâtre après des années d’absence. Mis en scène par Alphonse Mafoua, le spectacle a conquis un public venu en nombre, confirmant la pertinence de ce texte créé en 1976 au Festival d’Avignon et toujours brûlant d’actualité.
Dans cette fresque dramatique, Chaka, guerrier investi par le dieu Umzikulu, rêve d’unir son royaume sous un nouvel ordre. Mais sa quête, teintée de ruse, de sang et de pouvoir absolu, finit par l’isoler et précipiter sa chute. La pièce interroge ainsi la gouvernance, les valeurs démocratiques et la marche des peuples vers le progrès social, des thèmes qui résonnent puissamment dans le monde d’aujourd’hui.
Pour le Théâtre national congolais, il s’agissait d’une création majeure, fidèle à sa mission éducative. « Il fallait qu’on ait enfin un Tchicaya U Tam’si dans notre répertoire », confie Alphonse Mafoua. « C’est un auteur exigeant, poète et dramaturge, dont le texte, hermétique pour certains, recèle une puissance poétique unique. Les comédiens ont tenu une heure quarante-cinq avec brio », ajoute-t-il.
Cette première marque aussi une étape dans la relance du Théâtre national congolais, en attente de la réouverture du Centre de formation et de recherche en art dramatique (Cefrad). « Nous avons travaillé quatre mois pour aboutir à cette pièce. Elle ira à Pointe-Noire, au Festival Mantsina sur scène et fera partie de la saison 2025-2026 de l’Institut français du Congo », annonce Mafoua, qui rêve aussi de rejouer l’œuvre dans un Cefrad rénové.
La distribution, riche et investie, a donné corps aux figures fortes de la pièce : Fortuné Bateza (Chaka), Adolphina Milandou (N’Nandi), Raïssa Armelle Nzitoukoulou (Noliwé), Boris Mikala II (l’Épervier), entre autres, accompagnés par des équipes techniques et artistiques mobilisées sur tous les fronts, de la scénographie aux costumes.
Présent à la représentation, le ministre et écrivain Henri Djombo a salué « un spectacle qui doit aller à la rencontre des quartiers de Brazzaville », appelant à « occuper un arrondissement par semaine » pour faire rayonner le théâtre. Il a aussi félicité le public « resté jusqu’au bout, preuve qu’il a aimé la pièce et le jeu ».
Avec Le Zulu, le Théâtre national congolais renoue avec une dramaturgie engagée, puisant dans l’héritage d’un des plus grands auteurs africains pour interroger l’avenir des sociétés. Une œuvre qui, près de 50 ans après sa création, conserve intacte sa force prophétique et éducative.