La délégation syndicale de l'opérateur national de l'énergie électrique exige le limogeage du PCA Badibanga qui a initié le démembrement de la société en d'autres établissements.
Une vive tension règne au sein de la Société nationale d’électricité (SNEL SA), visiblement après la demande du Conseil d’administration de cette entreprise du Portefeuille adressée au Gouvernement de mettre à l’écart le Directeur général Fabrice Lusinde, et surtout la tentative de démembrement de la SNEL en plusieurs sociétés. La délégation syndicale a opposé un refus catégorique au Conseil d’administration initiateur de ce projet de démembrement.
Au cours d’une assemblée générale, apprend-on, les agents de la SNEL ont exigé le départ pur et simple du President du conseil d’administration (PCA) Luc Badibanga. Ils ont manifesté publiquement, déployant des banderoles avec des écrits réclamant que le PCA soit viré. Avant son avènement à la présidence du Conseil d’administration, le climat de travail était très bon au sein de la SNEL. Les agents et cadres travaillaient d’arrache-pied, sous les directives du comité de gestion en place, pour matérialiser la vision du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, axée sur l’électrification de l’ensemble du territoire national, en vue de faire de l’énergie électrique, le moteur de l’industrialisation du pays.
Mais, l’arrivée de Luc Badibanga à la tête du conseil d’administration est à la base de la tension qui règne depuis quelques semaines dans cette entreprise du Portefeuille. L’opinion publique garde de ce PCA le souvenir d’un dirigeant non performant dans des sociétés où il est passé. A la tête de la société britannique de cigarettes -BAT-, installée à l’époque sur l’avenue des Poids Lourds, au quartier Kingabwa à Kinshasa ; la société avait fini par mettre la clé sous le paillasson, plongeant de nombreux pères de familles dans le chômage et causant même la mort de certains d’entre. Sous sa direction, BAT Rwanda a aussi fait faillite.
Nommé à la tête conseil d’administration de la SNEL, il tente de reprendre des pratiques ayant causant la disparition de ces anciennes sociétés. En mission de service dans le Grand Katanga, il aurait pris des engagements visant le démembrement de la SNEL en trois sociétés pour satisfaire les sociétés minières, renseignent des sources de cette partie du pays. Il parle de la création de trois nouvelles entreprises, à savoir la SNEL Production, la SNEL Transport, et la SNEL Commerciale. De retour dans la capitale, il a adressé des lettres avec copies à plusieurs autorités du pays, pour proposer ce démembrement de la SNEL. Il aurait écrit à la Banque Mondiale l’informant d’un limogeage imaginaire de l’actuel Directeur général en place !
Au cours d’une réunion à Kinshasa, le comité de gestion de la SNEL avait trouvé des voies et moyens pour fournir de l’électricité aux sociétés minières opérant dans le Grand Katanga. Mais le président du conseil d’administration a, au cours de sa mission de service, promis aux mêmes miniers des avantages en leur promettant la création d’une autre société que la SNEL. À son retour à Kinshasa, il s’est empressé de réaliser la promesse faite aux sociétés minières, celle de tout mettre en œuvre pour obtenir le démembrement de la SNEL alors que cela ne s’est jamais fait depuis la naissance de cette société d’État, les anciens mandataires de la SNEL n’ont jamais osé pareille idée.
Au cours d’une réunion le 2 septembre 2025, à laquelle ont été conviés le DG et son adjoint, le PCA Badibanga a tenté de convaincre, Samuel Kaya, président de l’Intersyndicale de la SNEL, du démembrement de la société. Samuel Kaya ne s’est fait pas prier pour dénoncer en des termes clairs le comportement du PCA.
Par rapport à toute cette situation tendue au sein de la SNEL, une assemblée générale s’est tenue le mardi 9 septembre 2025 à Kinshasa. Les agents et cadres ont publiquement fustigé les agissements du président du conseil d’administration, tout en renouvelant leur soutien à l’actuel comité de gestion pour des efforts incommensurables déployés en vue de réaliser le plan de redressement de la SNEL conformément à la vision du président de la République Félix Tshisekedi. Ils ont rappelé au Chef de l’Etat ses instructions données lors d’une récente réunion du Conseil des ministres, de mettre un terme aux conflits que les présidents du conseil d’administration entretiennent dans les établissements et entreprises publiques.
Le président de la République avait appelé à la concorde entre les présidents des Conseils d’Administration (PCA) et les Directeurs généraux (DG) des entreprises publiques afin d’éviter des conflits internes qui pourraient nuire à leur fonctionnement.
Mais le PCA Badibanga n’en tient pas compte. Déterminé à créer la SNEL/Immobilier, il a entamé le 9 septembre 2025 une série de visites des maisons de cette société publique situées sur le boulevard Tshatshi, dans la commune de la Gombe. Pourtant, le conseil d’administration n’a pas cette prérogative qui, au contraire, revient au comité de gestion.
Les tensions entre le PCA qui représente l’État et assure le contrôle, et le DG, qui est en charge de la gestion quotidienne de l’entreprise, sont une source de blocage fréquente dans les entreprises publiques. Ces conflits peuvent paralyser les décisions, ralentir les activités et même affecter les performances des entreprises, compromettant ainsi leur capacité à atteindre leurs objectifs de service public.
L’injonction du Président de la République vise à promouvoir une collaboration harmonieuse, où chaque mandataire joue son rôle complémentaire sans empiéter sur les prérogatives de l’autre, afin de rétablir une gouvernance efficace, garantir une gestion saine des entreprises publiques et assurer une meilleure performance globale.
À la SNEL, l’on craint qu’une grève soit décrétée à la suite des agissements décriés du PCA, avec de graves conséquences en cette période critique de l’histoire de notre pays.