La digitalisation constitue le pilier de l’efficacité de l’administration fiscale, favorisant la transparence et la simplicité pour les contribuables. À l’issue des quatre journées d’échanges, à Brazzaville, les participants au huitième Colloque international sur la fiscalité ont notamment insisté sur la modernisation des administrations en Afrique, ainsi que sur la formation des agents de recouvrement.
Les travaux du Colloque international sur la fiscalité se sont achevés, le 12 septembre, sur une note encourageante. Ce rendez-vous annuel a pu mobiliser des experts, des universitaires, des dirigeants d’entreprise, des décideurs et des représentants des administrations fiscales de plusieurs pays africains (Bénin, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Guinée, Niger, Tchad, RD Congo, Maroc, Madagascar, Mali, Mauritanie, Gabon), des délégations de France, de Belgique et d’Italie. Entre tables-rondes et ateliers thématiques, les participants ont exploré diverses solutions pour maximiser les ressources internes.
La transformation digitale s’est avérée être une solution permettant aux Etats africains d’établir la confiance entre l’administration fiscale et les contribuables, d’accroître la transparence et d’assurer un meilleur suivi de la collecte des recettes. « Ce processus est crucial », soutient Catherine Lemesle, secrétaire générale du Cercle de réflexion et d’échange des dirigeants des administrations fiscales, ajoutant que la digitalisation peut accélérer le recouvrement des impôts, faciliter la conformité et diminuer l'évasion fiscale. D’après le professeur Arnaud Raynouard de l’Université Paris-Dauphine PSL, la digitalisation est une mutation profonde qui s'impose comme une nécessité pour moderniser les services publics.
La République du Congo, dont les réformes liées au déploiement du système E-TAX pour la gestion des impôts, à l’adoption de la télé-déclaration de la TVA, ainsi qu’à la formation des agents publics ont été saluées lors du colloque, s’est engagée à poursuivre la digitalisation de l’ensemble de son administration fiscale afin d’en accroître l’efficacité. Ces mesures ont permis à ce jour d’optimiser le recouvrement des recettes, de promouvoir le civisme fiscal et d’envisager l’élargissement de la base des contribuables. « Ce colloque nous a permis de tracer une feuille de route claire », a déclaré Ludovic Itoua, directeur général des Impôts et des Domaines du Congo. L’administration fiscale congolaise devrait prochainement engager le dialogue avec le secteur privé, simplifier davantage les procédures de déclaration, fiscaliser le secteur informel…
Au plan politique, la fiscalité reste un pilier de souveraineté et de stabilité économique. Clôturant les travaux du colloque de Brazzaville, le ministre congolais des Finances, du Budget et du Portefeuille public, Christian Yoka, a tenu à replacer ces discussions dans le contexte de la récente Conférence des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, axées sur l’accroissement des ressources intérieures. La maximisation des recettes extractives, en particulier du secteur pétrolier, constitue l’une des priorités du gouvernement congolais. « Le droit fiscal national doit se renforcer », a martelé Christian Yoka.
Placé sous le thème « Rôle et place du droit fiscal national : enjeux de la mobilisation des recettes et de durabilité », ce colloque a été organisé par le Master 227 de l’Université Paris-Dauphine PSL, en partenariat avec la direction générale des Impôts et des Domaines du Congo. Outre la problématique de la digitalisation ou l’efficacité fiscale, les participants ont insisté sur la formation et la professionnalisation des agents des impôts, le renforcement des mécanismes de lutte contre la fraude et l’évasion fiscale, l’inclusion fiscale, avec une fiscalité verte en tenant compte de la protection environnementale, le renforcement du partenariat au niveau régional et international en vue du partage d’expériences.