Sorti en 1964, « Sur la dune de la solitude » est un film rare et marquant du cinéaste ivoirien Timité Bassori, figure pionnière du cinéma africain. Avec une grande sensibilité, le réalisateur y dépeint l’isolement, les désillusions et les rêves brisés d’une jeunesse confrontée à des choix difficiles.
L’histoire suit le parcours d’un jeune étudiant ivoirien revenu au pays après des études à l’étranger. Entre les attentes de sa famille, la pression sociale et la dure réalité économique, il se retrouve face à un sentiment de solitude qui ne cesse de grandir. Le film devient alors une méditation sur la difficulté de trouver sa place dans une société en mutation.
Tourné en noir et blanc, avec une mise en scène sobre et poétique, l’œuvre frappe par sa profondeur et son universalité. Timité Bassori choisit de montrer des visages, des silences, des paysages arides qui reflètent la dureté intérieure de son héros. La “dune de la solitude” n’est pas seulement un lieu imaginaire : elle symbolise l’exil intérieur, le sentiment d’être étranger chez soi.
Ce film est aussi une fresque sociale. À travers son protagoniste, le réalisateur interroge les promesses de l’indépendance africaine des années 1960, mais aussi les désillusions d’une jeunesse qui espérait des changements rapides. C’est une œuvre qui parle de l’Afrique, mais qui touche également à l’universel : qui n’a jamais connu ce moment de doute, ce besoin de trouver sa voie ?
Revoir « Sur la dune de la solitude », c’est redécouvrir une page fondatrice du cinéma africain. Bien que peu diffusé, ce film reste une œuvre phare qui a inspiré de nombreux réalisateurs. Plus qu’un récit personnel, il nous invite à réfléchir sur nos propres solitudes et sur la manière de les transformer en force.
Un classique à revisiter, pour mieux comprendre d’où vient le cinéma africain et combien il a toujours été habité par des questionnements humains profonds.