En vue de sauver le patrimoine linguistique du peuple gangulu, une plateforme dénommée association pour la promotion de la langue et la culture gangulu (Aplcg), a vu le jour. Sa sortie officielle a lieu dans la salle de conférences de la paroisse Saint-Esprit de Moungali.
Placée sur le thème : « La langue véhicule de la culture d’un peuple », la sortie officielle de l’Aplcg, s’est déroulée en présence de l’ancien député Elault Bello Bellard, un des garants des pouvoirs traditionnels, notable de Gamboma, également secrétaire général de la confédération syndicale des travailleurs du Congo. La cérémonie a été marquée par l’allocution du président de cette association, Sébastien Elion, de la présentation des objectifs de l’Aplcg et de l’exposé du Pr Amen Ndounia.
Le président de l’association s’est avant tout acquitté d’un devoir de mémoire, celui de rendre hommage à des vaillants fils de la communauté linguistique gangulu qui ont œuvré pour qu’ils soient ensemble aujourd’hui mais qui hélas, ne sont plus parmi eux, à savoir le révérend Benjamin Abialo, Nguié Alanvo et Jean Luc Elion. Pour ce faire, il a demandé à tous les membres présents de se lever pour observer une minute de silence en leur mémoire. Après quoi, Sébastien Elion, a fait savoir qu’aujourd’hui, de par le monde, beaucoup des langues disparaissent ou font une transmutation vers d’autres langues, et le gangulu n’est pas à l’abri . « C’est pourquoi en créant cette association et en vous invitant à cette cérémonie, nous voulons vous associer à ce combat de sauvegarde et de pérennisation de notre patrimoine linguistique commun, la langue gangulu, véhicule de nos savoirs, traductions, mœurs et coutumes, bref, vecteur de notre culture », a-t-il déclaré.
Le président de l’Apclg a fait savoir aux membres de l’association que la langue est l’attribut de souveraineté d’un peuple. Celui qui parle la langue d’autrui véhicule les valeurs culturelles de cette langue et devient étranger à sa propre culture. Sébastien Elion, a indiqué également que les enquêtes récentes ont révélé qu’à Gamboma qui est le bastion de leur communauté linguistique, le gangulu est déjà relégué au troisième plan après le français et le lingala parmi les locuteurs jeunes et enfants. Une menace inquiétante pour l’avenir de leur très chère langue. « Pour remédier à cela, nous devons être fiers de parler notre langue en toutes circonstances (lors des cérémonies de mariages, les palabres, les chants populaires, prédications, et autres activités). Nous devons promouvoir la transmission générationnelle de notre culture en évitant trop d’emprunts. Si notre langue meurt, elle disparaîtra avec tout le cortège des valeurs qu’elle incarne, ce serait une pure aliénation ou acculturation. Si un peuple ne parle plus sa propre langue, nous devons communier donc nos efforts pour relever le défi de la préservation et de la pérennisation de notre patrimoine culturel commun », a-t-il conclu.
Après le mot de circonstance du président de l’Aplcg, Sébastien Elion, et la présentation des objectifs de l’association par le Pasteur Romain Ngantsui, le Pr Amen Ndounia, enseignant à la faculté des lettres, des arts et des sciences humaines de l’université Marien Ngouabi, a exposé sur la culture gangulu, notamment sur la philosophie étymologique des noms gangulus. Au cours de cet exposé, le Pr a édifié l’assistance sur la philosophie du nom dans la tradition gangulu. Il a présenté également un projet de dictionnaire qu’il est en train d’élaborer. Il s’agit d’un dictionnaire des noms propres gangulus. L’exposé du Pr Amen Ndounia, a été donc marqué par trois moments, dont le moment qui consistait à montrer comment les noms se forment en langue gangulu. A cet effet, il a fait ressortir groupes nominaux à l’intérieur desquels l’on trouve également trois catégories. Le Pr Amen Ndounia a présenté ainsi les différentes subtilités.
Notons que l’Apclg fait déjà ses preuves dans la tradition des supports écrits et audiovisuels. Il y a un nombre des épîtres de la Bible qui ont été déjà traduit en langue gangulu. Il y a aussi le livre de Genèse, d’Exode, et l’Acte des Apôtres. Il y a même déjà une étude pour fixer la langue, lire et écrire en gangulu, bref, une alphabétisation en langue gangulu. Car pour le président de cette association, l’on ne peut pas véhiculer un message si ceux à qui ce message est véhiculer ne savent pas décoder les écritures. La cérémonie a été agrémentée des champs de la chorale du groupe théâtrale kimbanguiste de la paroisse de Talangaï qui ont interprétés plusieurs cantiques religieux en gangulu.