À l’ONU, Emmanuel Macron a appelé à un sursaut diplomatique international. En octobre 2025, Paris accueillera une conférence humanitaire consacrée à la République démocratique du Congo. Une initiative à fort enjeu géopolitique, entre tensions régionales, rivalités économiques et diplomatie des ressources.
« La souveraineté de la RDC n’est pas négociable », a déclaré Emmanuel Macron le 23 septembre à la tribune des Nations unies. Le président français a annoncé la tenue à Paris, en octobre prochain, d’une conférence humanitaire internationale dédiée à la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à un conflit endémique ravivé par la résurgence du groupe rebelle M23.
Une crise régionale à la portée mondiale
Depuis 1994, la région des Kivu, riche en minerais stratégiques (coltan, or, lithium), est l’épicentre de violences récurrentes. La reprise des hostilités depuis 2021, notamment autour de Goma et Bukavu, a fait plus de 3 000 morts et provoqué le déplacement de plus de 850 000 personnes, selon le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). « Ce qui se joue à l’Est de la RDC dépasse le seul cadre congolais : c’est la stabilité de toute la région des Grands Lacs qui est en jeu », analyse Marc-Antoine Pérouse de Montclos, spécialiste de l’Afrique des Grands Lacs.
Rwanda–RDC : paix fragile, tensions durables
Malgré les accords signés à Washington et un cessez-le-feu négocié à Doha en juillet, les combats ont repris sporadiquement. Le M23, mouvement soutenu par Kigali selon plusieurs rapports de l’ONU, poursuit ses offensives. Une attaque contre Uvira, ville stratégique proche du lac Tanganyika, est « imminente » selon une source onusienne à Bukavu. Le gouvernement congolais accuse le Rwanda de chercher à contrôler les flux miniers, tandis que Kigali dénonce la présence de groupes armés hutus sur le sol congolais. Une mécanique de méfiance bien ancrée.
L’intelligence économique comme levier stratégique
L’enjeu dépasse l’humanitaire. Les Kivu abritent des ressources critiques pour les chaînes de valeur mondiales, notamment dans la tech et l’énergie. « Il y a une bataille feutrée pour le contrôle des minerais de transition », confie un diplomate européen. La France, via cette conférence, cherche aussi à réaffirmer sa présence stratégique dans un espace longtemps disputé par les États-Unis, la Chine, et des acteurs privés émergents.
La diplomatie humanitaire française en action
Cette conférence prévue à Paris vise à synchroniser les efforts humanitaires, diplomatiques et économiques, en mobilisant bailleurs internationaux, ONG, acteurs multilatéraux et entreprises engagées dans les chaînes d’approvisionnement responsables. « Ce n’est pas une opération de prestige. Il faut des engagements clairs, des financements concrets et une feuille de route diplomatique crédible », affirme un conseiller de l’Élysée.
Enjeux : paix durable ou statu quo ?
Alors que les élections congolaises de 2026 approchent, la France cherche à stabiliser une région clé pour l’Afrique centrale, tout en évitant une marginalisation diplomatique croissante sur le continent. « Il s’agit moins d’imposer une solution que de créer un espace politique et humanitaire pour sortir de l’impasse », estime Ambroise Muzito, ancien Premier ministre congolais. « Rendre l’espoir aux populations des Kivu, c’est aussi poser les bases d’une paix durable dans une région essentielle pour le futur du continent africain », a conclu Emmanuel Macron à New York.










