Accès des populations à l'électricité : le Réseau Mwangaza dénonce une disparité des chiffres

Mardi, Décembre 9, 2025 - 17:30

Cette plateforme d'ONG, qui note qu'à l’absence des données fiables sur le
vrai taux d’accès, il sera difficile d’évaluer l’impact de ces initiatives, appelle le ministre en charge du secteur à harmoniser, à travers ses services techniques, les données relatives
au taux d’accès à l’électricité au niveau du pays et le rendre public.

Dans une conférence de presse tenue le 9 décembre 2025 dans la salle de conférence de Resource matters, une de ses organisations membres, sur le thème: "Electrification de la RDC : entre disparités et fiabilités des données”,
le Réseau Mwangaza s'est dit inquiet davantage des incohérences dans les données du
secteur de l’électricité. Pour la plateforme, il était plus que temps qu’une harmonisation et une
fiabilisation soit faite.

Le Réseau Mwangaza a, en effet, noté qu'à l’occasion du Business Forum Makutano 2025, le ministre des Ressources
hydrauliques et de l’électricité, Aimé Molendo Sakombi, a annoncé plusieurs
avancées majeures concernant la gouvernance du secteur énergétique en République
démocratique du Congo. Et, à l'en croire, dans le nombre de ces déclarations, dans celle qui avait retenu son attention, le ministre en charge du secteur d'électricité avant dit: "
avant la signature du compact énergétique, le taux d'accès à l'électricité et de
desserte en électricité en RDC est passé de 9 % à 21,5 % en 5 ans, soit
près de 200 % d’augmentation. »

Pour le Réseau Mwangaza, cette déclaration contraste avec celles des autres services et sources.

"A titre illustratif,
le rapport annuel édition 2024 de l’Autorité de régulation du secteur de l'électricité en
RDC (ARE) publié en mars 2025 mentionne un taux d’accès d'environ 10,3%, le
différenciant du taux de desserte estimé à 28,6%, tandis qu’un rapport de la Banque
mondiale, évoque un taux de 22, 1% en 2023. Alors que le rapport 2024 de Gogla
parle de 19% de taux d'accès", a fait constater cette plateforme.

Pour elle, en dépit des disparités de ces statistiques, il est évident que la RDC compte parmi les
pays subsahariens à taux d’accès les plus bas.

" La faible quantité d'énergie produite est
consommée en grande partie par les industries minières. La concentration d’accès reste
dans les milieux urbains, contrairement aux milieux ruraux dont ce taux est estimé à
1%.
Plusieurs initiatives gouvernementales sont envisagées pour accroître ce taux, dont le projet d’électrification de 78000 villages, par le construction de 100 centrales solaires/hybrides, une étude de faisabilité pour l’installation d’une usine de
fabrication locale de panneaux solaires", a souligné le Réseau Mwangaza.

Mais, pour ce réseau, à l’absence des données fiables sur le
vrai taux d’accès, il sera difficile d’évaluer l’impact de ces initiatives, le taux
d’accès des entreprises minières (mieux servies) restant confondu à celui de la
population (mal servie).

Le Réseau Mwangaza a, en outre, fait observer qu'à l’absence des mécanismes clairs de transparence et de redevabilité
dans un environnement exposé aux risques très élevés de corruption et
détournement, ces initiatives demeureront des éléphants blancs.

C'est en étroite ligne de la mission qu'il s'est assignée que le Réseau Mwangaza, face à ces réalités relevées, a exhorté le ministre des
Ressources hydrauliques et électricité d’harmoniser, à travers ses services techniques, les données relatives
au taux d’accès à l’électricité au niveau du pays et le rendre public. Il a aussi été recommandé au ministre Sakombi de désagréger les taux d’accès par catégorie : ménages, entreprises
minières, autres entreprises, petites et moyennes entreprises, etc. et de rendre publics les mécanismes mis en place pour assurer la transparence et la redevabilité des initiatives en cours de réalisation.

Lucien Dianzenza
Légendes et crédits photo : 
Christian Mbenga, Ursule Kibande et Emmanuel Musuyu, du Réseau Mwangaza
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