L’Union africaine lance une stratégie continentale ambitieuse misant sur l’efficacité énergétique, l’intégration régionale et des investissements massifs pour sortir des centaines de millions d’Africains de la précarité énergétique.
La Commission de l’Union africaine (UA) a officiellement lancé la Stratégie et le Plan d’action pour la transition énergétique africaine, une feuille de route continentale destinée à accélérer une transition énergétique juste, inclusive et adaptée aux réalités du continent. Cette initiative marque une étape structurante dans la volonté des États africains de reprendre la maîtrise de leur avenir énergétique, tout en conciliant impératifs de développement, justice sociale et engagements climatiques. Selon un communiqué du bloc panafricain consulté mardi, la stratégie repose sur plusieurs piliers clés : la généralisation des solutions de cuisson propres, le développement du commerce transfrontalier de l’énergie, l’amélioration de l’efficacité énergétique, le soutien à l’innovation technologique et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines. Ensemble, ces leviers doivent créer un cadre favorable à des investissements de plusieurs milliards de dollars, mobilisant à la fois les États, le secteur privé et les partenaires internationaux.
Le lancement officiel est intervenu lors de la Conférence africaine sur l’efficacité énergétique (AAEC), conclue la semaine dernière par l’adoption d’un communiqué appelant à un engagement collectif renforcé des États membres. Les participants ont souligné l’urgence de promouvoir des politiques d’efficacité énergétique dans des secteurs stratégiques tels que l’électricité, l’industrie, le bâtiment, les transports, l’agriculture et les équipements domestiques, afin de réduire les pertes, maîtriser la demande et améliorer la compétitivité des économies africaines. L’Afrique s’est fixé des objectifs ambitieux : accroître sa productivité énergétique de 50 % d’ici 2050 et de 70 % d’ici 2063, en cohérence avec l’engagement mondial de doubler le rythme des progrès en matière d’efficacité énergétique d’ici 2030. Ces cibles traduisent une approche pragmatique, centrée sur l’optimisation des ressources existantes autant que sur le déploiement de nouvelles capacités.
S’exprimant à cette occasion, le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, a rappelé le paradoxe énergétique du continent. Malgré des ressources abondantes, près de 600 millions d’Africains restent privés d’électricité et environ 900 millions dépendent encore de la biomasse pour la cuisson, avec de lourdes conséquences sanitaires, environnementales et économiques. « L’efficacité énergétique est le premier rempart de l’Afrique contre la précarité énergétique », a-t-il affirmé, insistant sur son rôle central dans la réduction des coûts, l’amélioration de la productivité et la résilience face aux chocs externes. Adoptée officiellement lors de la 38ᵉ Assemblée de l’Union africaine en février dernier, cette stratégie consacre une volonté politique partagée : bâtir un système énergétique fiable, interconnecté et durable. Au-delà de l’énergie, c’est un projet de transformation structurelle qui se dessine, faisant de la transition énergétique un levier de souveraineté, d’intégration régionale et de développement inclusif pour l’Afrique.










