Pointe-Noire a vécu au rythme de la 7e édition du Festival International Kimoko

Vendredi, Juillet 25, 2014 - 14:30

Du 15 au 20 juillet, 37 artistes professionnels de plusieurs pays d’Afrique se sont succédés sur la scène du festival international Kimoko pour offrir du rire et de la joie aux ponténégrins à travers des spectacles de théâtre, conte, ballet-théâtre, danse contemporaine et urbaine. Le thème retenu pour cette 7e adition est : « Quel théâtre pour une société équilibrée ? »

Crée depuis 2004, ce festival est actuellement le seul consacré aux arts de la parole. Cette année, il a connu la participation de 9 compagnies du Congo, de la RDC, du Cameroun, du Gabon…Le festival qui se limitait aux pays de l’Afrique centrale s’est ouvert aux pays de l’Afrique de l’Ouest avec la participation cette année des artistes de la Côte d’Ivoire (Taxi Conteur), du Burkina Faso (Noël Minougou) et du Benin (Kocou Yemadje). participant   

Comme la plupart des événements culturels de la ville, Kimoko est aussi confronté au manque de soutien qui les empêche de prendre leur envol. Mais malgré ce fait, il poursuit son bonhomme de chemin. Cette année, ce festival qui figure parmi les plus grands événements culturels de la ville aura répondu aux attentes des spectateurs par sa programmation ainsi que la qualité des spectacles offert et aussi aux attentes des organisateurs par les résultats obtenus et les progrès enregistrés notamment : la hausse du nombre de participants (7 de plus qu’a à la 6e édition), des représentations (3 de plus que l’année dernière),  du nombre de spectateurs (à 25%).

Par ailleurs, En outre, cette 7e édition marque le début du partenariat de Kimoko avec  l’Institut Français du Congo, qui a reçu pour la première fois le festival sur ses planches en abritant sa cérémonie d’ouverture. Un partenariat que Franck Paillot, directeur de l’IFC voudrait pérenniser «J’y veillerai », a-t-il promis le 15 juillet. Outre cet institut, Kimoko a été accueillie par d’autres sites notamment : l’espace culturel Jean Baptiste Tati Loutard, L’espace culturel pour enfants, l’esplanade de la société Congo terminal ainsi que le village du festival.

Du rire au programme

Les spectateurs ont été servis en théâtre à travers plusieurs pièces. Il y a eu la pièce intitulé « Rêve d’ailleurs ! », une adaptation du  roman d’Huguette Nganga Massanga. La pièce été mise en scène par Mwambayi Kalengay de la compagnie Craza de la RDC. Elle relate histoire de Ndombé, un jeune africain qui une fois arrivé en Europe  découvre d’autres réalités que dans ses rêves. Ce dernier, marié à une femme blanche, est obligé un jour de réaliser le désir de cette dernière, celui d’arriver dans le pays de son mari où elle aussi découvrira des réalités autres que celles qu’elle rêvait.   Il y a aussi eu la pièce "Thérapie" mise en scène par Noêl Minoungou de la compagnie le Ruminant du Benin. elle raconte  l’histoire de X, fils d’un aventurier contraint de quitter le pays de sa mère, où il est né, suite à une guerre. Traumatisé, il perd la raison et se retrouve dans un hôpital psychiatrique et n'a que deux idées en tête: celles de  revoir sa mère et s’assurer de sa vraie identité.

La compagnie de théâtre Kocou du Benin a présenté la pièce «Confessions posthumes» un texte d’Ouaga Balle mise en scène par Kocou Yemadje. c'est l’histoire d’un veuf qui découvre les mensonges, la trahison, l’infidélité de sa défunte femme, avec laquelle il a vécu pendant trente ans, à travers son journal intime.  La quatrième pièce, qui constitue l’une des particularités de la 7e édition est «Thérapie aux abords du quai» d’Huguette Nganga, une création multinationale qui a bénéficiée de l'aide technique du Théâtre des coulisses. Cette pièce mise en scène par Jehf  Biyeri (Congo) a été monté en deux semaines avec la participation de Malanda Loumouamou, scénographe (Gabon/France), Barnabé B. Loemba, régisseur lumière (Congo), des comédiens Jeannette Mogoun (Cameroun), Laure Bandoki, Mak de Ardi et Selma Mayala (Congo). Pour un coup d’essai, c’était d’un coup de maitre, la pièce a été un succès total. Elle a permis au public de découvrir les différents métiers sur le terminal à travers l’histoire de Bissalu refoulé d’Europe  qui trouve un travail au port en qualité de docker. Des faits vécus sur le lieu de travail le perturbent et il est licencié de la société. N’ayant personne pour l’écouter et l’aider il devient fou. Dans ce monde devenu économique, où tout le monde court derrière le gain est ce qu’on a le temps pour écouter les problèmes des autres ? Telle est la question que pose cette pièce

Au menu du rire il faut aussi ajouter le conte avec David Noundji de la Compagnie Bena Zingui du Cameroun qui est revenu à Kimoko avec le spectacle intitulée «Il était une fois » plein d’enseignements. A cela s’ajoute, le très dynamique Taxi Conteur, que les ponténégrins ont découvert au travers de son spectacle très animé «Paroles de Maquis».

De l’émotion et de l’animation au rendez-vous

L’animation a été présente au festival avec le ballet-Théâtre Afro Tam-Tam qui a été à tous les rendez-vous de la 7e édition de Kimoko. Les spectateurs ont pu découvrir différentes sonorités et danses traditionnelles du pays du nord au sud de l’Est à l’ouest. Les ponténégrins ont aussi eu droit à l’émotion avec les groupes Nibawu Bo et Number One qui ont offert des spectacles de danse contemporaine et urbaine exceptionnels. Des créations qui demandent à la fois souplesse et vigueur. Street dance, contorsion, break, danse hip hop et autres styles teintés d’humour ont égayé le public.

En marge du festival, des ateliers (Conte, mise en espace, lecture de texte, régie son et lumière) animé par les comédiens et metteurs en scènes Harvey Massamba, Jeh'f Biyeri, Selma Mayala et David Nounji le  ont eu lieu.  Des mises en espace des textes des auteurs congolais avec des comédiens et lecteurs professionnels ou non professionnels. Parmi ces textes figurent ceux  tiré du roman de Jeh’f Biyeri intitulé « Professeur Salmindroq», du dernier livre d’Alphonse Nkala «  Ce foutoir est pourtant mon pays » et du roman d’Huguette Nganga Massanga «  L’envers du décor ». Des restitutions de ces ateliers ont eu lieu pendant les rendez-vous de Kimoko.

Le spectateurs auront aussi marqué par les textes choisis et les thèmes abordés. « Il nous a été possible de voir à travers tous ces spectacles la situation socio culturelle, historique et politique de nos différents peuples ; nous y avons également trouvé l’homme universel, fait d’amour et de haine, cet être de sagesse et de bêtise, de puissance et de faiblesse, de labeur et de paresse, mais toujours aspirant au bonheur, cet être immuable, malgré le passage du temps », a souligné Alphonse Nkala, directeur dudit festival, qui s’est dit satisfait de cette édition qui aura comblé leurs attentes.

Lucie Prisca Condhet N’Zinga
Légendes et crédits photo : 
-La pièce Thérapie aux abords du quai -La pièce Rêve d'ailleurs -David Noundji -Taxi Conteur