Hommage à Léopold Congo Mbemba (1959-2013)
Tu n’es plus que cendre
« Je ne suis plus que cendre,
Poussière que sans effort
Emporte le vent »
Ces vers du Tombeau Transparent
Sonnent tout à coup
Comme une parole prémonitoire
Mais qui résistera à l’appel péremptoire
De la mort ?
Congo Mbemba
Ton corps
disparaît dans le néant
Mais ta parole demeure
Suspendue au bout de tes vers
Comme un lumignon
dont la clarté rassure
au cœur des ténèbres
Loin de nous les ténèbres de l’oubli !
Nous serons des chirurgiens
Pour guérir la cécité
De ceux qui ne veulent pas voir
Nous serons des tisserands
Pour coudre ton nom
Sur la toile du souvenir
Nous serons des magiciens
Pour transformer l’or de ta poésie
En nectar revigorant
Nous serons des boulangers
Pour cuire et recuire le pain de la mémoire
Et le partager
au pied
Des Ténors-Mémoires
Congo Mbemba
Tu es
Un Ténor Mémoire !
Par Liss Kihindou
Pour Léopold Congo Mbemba – Poète ferme et profond – cet hommage littéraire !
Comme un Grand Poète nous inspire !
De son lointain Canada,
Marie-Léontine Tsibinda
N’est pas restée indifférente
A l’annonce de la disparition
De Léopold Congo Mbemba
Qui est venue visiter sa mémoire :
Je me souviens, dit-elle.
Je me souviens
Je me souviens
D’une de nos rencontres
Était-ce lors de la fête de l’autre
Illustre Léopold
Léopold Sédar Senghor de Joal
Je me souviens
De ta présence amicale
De ton regard derrière tes verres
D’intello congolo-parisien souriant
À la dynamique de la vie
Le pas alerte le cœur heureux
Et voilà qu’au pays invisible
Tu as conduit ta plume
Un jour de froid
De canard ou de chien
Loin de ton soleil royal
Des rives de ton Congo natal
Pour aller chanter au son de l’arc musical
Le soleil des indépendances poétiques
Loin des chemins chaotiques
D’une vie inachevée
Inassouvie dans la flagrance des Magies
À peine posées sur les rayons livresques
Aux couleurs du monde
Congo-Mbemba Congo-Mbemba
Aux pieds du soleil froid de Mpemba
Léopold tu reposes désormais ton corps
Tandis que ta plume enchantée
Reste le vestige de ton étonnant
Voyage sur la terre des vivants
Adieu étonnant voyageur solitaire
Solitaire poète des fleuves
Adieu poète du Congo
Adieu poète de la Seine
Adieu poète du Danube
Adieu mouette-météore
Des mers poétiques
À Dieu ton esprit retourne
À la poussière ton corps
Adieu solitaire poète des fleuves…
Marie-Léontine Tsibinda
Hommage à Léopold Pindy-Mamonsono (1952-2013)
Adieu poète des âges
À Léopold Pindy-Mamonsono
Adieu poète sans âge
Adieu poète des âges
Est arrivé ton départ
Qui déploie sans fard
Le fil du souvenir vivace
À Dieu le Vivant la grâce
De recueillir ton esprit
À l’autel de la divine Autopsie
Le souvenir trébuche en sanglot
Sur la fin d’une vie trop tôt
Trop tôt inachevée, arrachée
Quand arrive l’heure solitaire unique
Qui dit la fin inattendue brusque
D’un chapitre de la vie inachevée
À la terre nous retournons poussière
Nus comme à la naissance naguère
Joie, lumière, horizon grand, immense
De grands rêves. Maintenant souffrance
Vide, douleur.
L’Autopsieur s’en est allé
Comme tant d’autres, lui le voyageur, l’étranger
Adieu poète du Congo, adieu poète des âges…
Marie-Léontine Tsibinda
Héros dans l’ombre
L’outre de la vie a outré
Sur le mât de l’empire
Du politiquement incorrect
Que représentait cet aède
Héros dans l’ombre
L’iconoclaste du conformisme
Le dire de son dire
Le savoir des sans-savoirs
Le sens de l’insensé
La pensée de l’impensé
Le courage de la lâcheté
Le héraut de l’ombre
La culture à lui tout seul…
Et seul il s’en est allé
Comme seul il était venu
Peupler l’esprit au Congo
En laissant sa culture à tous
Son nom à son nom…
Pindy Mamansono
La même année
Des Noces de diamants
Au Congo
A rejoint le sol déjà semé
Par la plume maître du silence
Son alter ego
Léopold…
Aimé Eyengué
Hugues ETA, Une Silhouette de Poule
Après avoir fait l'expérience de la poésie et de l'imaginaire, Hugues ETA nous offre « Une silhouette de poule », son premier roman, un livre muni d'une écriture poétiquement réaliste, saga émouvante d'une famille africaine avec les bonheurs, les malheurs, les débuts et les fins tragiques de plusieurs générations. Phrases courtes et percutantes dévoilent avec poésie et humour, intelligence et sensibilité, les méandres d'une famille africaine, grâce à Tsagnelet, le jeune protagoniste du roman : « La famille africaine c'est une source qui devient rapidement une rivière, un fleuve puis un océan. C'est précisément le père et la mère au commencement. Puis le père et la mère du père. Ensuite le père et la mère de la mère, leurs frères et sœurs, cousins et cousines. Les oncles et les tantes des deux côtés occupent une place de choix sans omettre leurs épouses et époux, leurs enfants et les enfants de ces enfants-là. Ainsi, disséminés dans les grandes villes, les progénitures sont souvent exposées aux rapports incestueux. Voilà pourquoi certaines personnes portent leur ethnie au cou pour se prévenir des coups de foudre des membres de la famille. » Hugues ETA fait preuve dans ce roman d'un grand talent littéraire. Il dit tout ce qu'il faut dire sur les puissants et les faibles, sur la misère et la richesse de la société africaine, sur le déséquilibre des forces et des moyens. Un roman en quelque sorte « zolien », un écrit rigoureux, socialement moderne, dynamique, poétique et réaliste à la fois, qui nous rappelle la fraîcheur qualitative de « Batouala » de René Maran, écrivain français d'origine guyanaise, Prix Goncourt, 1921. Les trames narratives de « Une silhouette de poule » sont truffées de mille voix( es ) réelles et imaginaires, à travers lesquelles l’Afrique se mire magiquement dans ses coutumes, indépendances, limites et frontières. Rodica Draghincescu, écrivaine francophone, essayiste, poète et romancière.
Hugues ETA est poète et romancier congolais basé à Pointe-Noire.