Le pape François, à peine rentré de six jours de visite pastorale en Afrique (Kenya, Ouganda, Centrafrique) a indiqué que ce dernier pays lui reste cher.
Le Saint-Père reviendra-t-il en Afrique pour un prochain voyage ? La question a été posée directement à l’intéressé par les journalistes lors de la traditionnelle conférence de presse à bord de l’avion qui le ramenait lundi au Vatican. Le Chef de l’Eglise catholique qui dit avoir frappé par ce continent a toutefois avoué qu’il prenait de l’âge et excluait un voyage aussi éreintant pour les tout-prochains jours, le seul premier déplacement intercontinental certain pour l’année prochaine étant celui du Mexique.
Mais le Saint-Père a fait le tour d’horizon de beaucoup de sujets d’actualité à bord de l’avion, les journalistes lui posant les questions les plus variées. Il a ainsi abordé les sujets comme la COP 21, les fondamentalismes religieux, les affaires de corruption dans l’Eglise, la lutte contre le Sida…. Rendu sans doute plus prudent par l’expérience de son prédécesseur Benoît XVI, sur cet dernier sujet, le pape a préféré botté en touche : « Je n’aime pas descendre dans des réflexions casuistiques quand les gens meurent de faim ou du manque d’eau», a-t-il dit. On se rappelle que Benoît XVI s’était attiré des critiques mondiales lorsque, sur la même question, il avait répondu que le préservatif n’était pas la solution « mais peut-être le problème ».
Parlant de la Conférence sur le climat, la Cop21 en cours à Paris, le Saint-Père a mis en garde contre une absence d’accord, réaffirmant l’urgence de lutter pour la protection de la terre : « c'est maintenant ou jamais». Il a noté que depuis conférence de Kyoto en 1997, « peu a été accompli » et « chaque année, les problèmes sont plus graves», alors qu'il peut sembler, « pour employer une parole forte, que nous soyons au bord du suicide». «La quasi-totalité de ceux qui sont à Paris veulent faire quelque chose. J'ai confiance qu'ils le feront, ils ont de la bonne volonté et je prie pour cela», a-t-il toutefois estimé.
Le Pape a aussi parlé de pauvreté ; une pauvreté qu’il a pu toucher du doigt dans le bidonville de Kangemi au Kenya, en Ouganda mais aussi en Centrafrique où il a visité le seul hôpital pédiatrique de Bangui où les enfants souffrant de malaria et de malnutrition sont condamnés à mourir faute de médicaments. Le Pape a condamné l’attachement à l’argent. « L’idolâtrie, a-t-il indiqué, c’est quand un homme ou une femme perd sa carte d’identité, c’est-à-dire le fait d’être enfant de Dieu, et préfère se chercher un Dieu à sa mesure. Si l’humanité ne change pas, la misère, les tragédies, les guerres, les enfants qui meurent de faim, l’injustice, tout cela continuera.»
Le Pape a loué l’ambiance qui a accompagné son premier voyage en Afrique : «Cette foule, cette joie, cette capacité de faire la fête, même avec le ventre vide. Chaque pays a son identité : le Kenya est un peu plus moderne et développé. L’Ouganda a l’identité de ses martyrs ; le peuple ougandais, que ce soit les catholiques ou les anglicans, vénères ses martyrs. La République centrafricaine a une volonté de paix, de réconciliation ». Mercredi, il est revenu sur ce voyage au cours de l’audience générale Place Saint-Pierre révélant qu’avant tous les autres pays, c’était la République centrafricaine qui avait motivé ce déplacement historique.
«Maintenant, ils vont faire les élections, ils ont choisi une présidente de transition : il n’y a aucune haine», a insisté le Saint-Père. Il a toutefois évoqué rapidement l'action des milices anti-balaka, en évoquant «un petit groupe très violent, chrétien, je crois, ou qui se dit chrétien.» Le Pape a condamné la pauvreté d’une Afrique, «exploitée par les grandes puissances». Le Pape a également indiqué que le travail d’assainissement, « cette œuvre de nettoyage», entamée par le Pape Benoît XVI, notamment contre la corruption dans l’Eglise – « nous l’avions élu pour cela ! »- va se poursuivre.
Enfin, le Pape a, une nouvelle fois, condamné le fondamentalisme religieux, réfutant qu’il y ait un lien entre islam et violence. «Nous sommes tous enfants de Dieu, nous avons le même Père. Il y a des fondamentalistes dans toutes les religions. Nous les catholiques, nous en avons quelques-uns, beaucoup, qui croient avoir la vérité absolue et agissent en salissant les autres avec la calomnie, la diffamation, et font du mal. Le fondamentalisme qui finit en tragédie est une chose mauvaise, mais advient dans toutes les religions ».